SMAKY 1, 2, 3 et 4

SMAKY 1 exposé au 50e de l'EPFL – 2019

Le nom SMAKY a été inventé en 1974, dérivé de SMArt KeYboard. L’objectif était d’avoir une carte ordinateur de la taille d’un clavier, placée sous le clavier. La taille de la première carte processeur a donc été définie par la taille des claviers fournis par Digital Equipment: 160×280 cm. Avec l’écran et l’alimentation, il fallait pouvoir transporter l’ordinateur complet dans la mallette de Jean-Daniel Nicoud.

Les SMAKY 1, 2 et 3 ont été conçus à l’EPFL, Bellerive 16, à Lausanne par le professeur Jean-Daniel Nicoud et l’équipe du LAMI en 1975, puis le SMAKY 4 en 1976.

Le SMAKY 1 était construit dans une boîte processeur-clavier et une carte écran-alimentation. Le BusMu (voir Partie 3 – Les Logidules, les Microdules et le NovaSim) interconnectait les modules de la carte principale, qui étaient câblés avec du fil thermosoudable.

SMAKY 1 – 1975
Construction modulaire des SMAKY 1 à 4

Les SMAKY 1, 2 et 4 ont tous utilisé le processeur Intel 8080. L’évolution concernait essentiellement le contrôleur d’écran, plus compact et performant grâce à de nouvelles mémoires et générateurs de caractères, et par une amélioration des interfaces d’entrée-sortie (MubusIO and Simser).

Le SMAKY 2 et son écran 5 pouces – 1975
Le SMAKY 2 dans la mallette de Jean-Daniel Nicoud

Le SMAKY 4 avait un écran de 7 pouces. Vingt unités ont été construites, pour Digital Equipment USA, pour le Professeur Nievergelt à l’ETH-Z qui les utilisait comme terminaux graphiques devant un PDP-11 (XS-0 educational system), et pour le LAMI. Le SMAKY 4 avait un mode graphique avec une résolution de 256 x 160 pixels. Des prototypes au LAMI ont testé la première variante du réseau Cobus et un lecteur de cassette développé ultérieurement pour le Scrib.

Développement du SMAKY 4 – 1976
Le SMAKY 4 avec le Microleru et un coupleur acoustique
SMAKY 4 avec unité de cassette

Le problème à l’époque était le manque de mémoire de masse. Le Microleru était utilisé pour charger les programmes préparés sur un miniordinateur Nova. Il n’y avait pas de possibilités pour stocker les programmes localement: les lecteurs de cassettes audio (utilisés avec le Crocus) n’étaient pas fiables et les floppy IBM 9 pouces pesaient 10 kg. Nous avons donc développé notre propre lecteur utilisant des cassettes de dictaphone. Pour simplifier la construction, les stations de lecture, écriture et rembobinage étaient séparées.

Le SMAKY 4 a permis de tester le réseau Cobus, développé par René Sommer. Cobus avait un mécanisme de détection de collision original et l’interface initiale à 160 Kbits/s ne nécessitait que 10 circuits intégrés, placés au coin du clavier.

Clavier du SMAKY 4 avec l'interface Cobus
Carte SMAKY 4 et Microleru – 1975 | Photo Bramaz

Le logiciel du SMAKY 4 était développé sur mini-ordinateur Nova. Le binaire était perforé sur bande papier et chargé sur le SMAKY avec un Microleru, la bande papier étant tirée à la main. L’interface était asynchrone 5V similaire au RS232, mais l’horloge était fournie par le destinataire de l’information, ce qui était une solution élégante pour avoir une transmission indépendante de la vitesse avec synchronisation d’échange. Cette interface nommée Simser (SimpleSerial) évitait les complications du RS232 (tensions +/-12V, oscillateur précis des deux côtés, tampons de réception des caractères). Une variante de Simser a été proposée à « l’IEEE standard committee » en 1983 (P1011), mais n’a pas trouvé de fabricant pour l’appuyer.

Le SMAKY 3 a été dessiné avec un processeur Motorola 6800, et devait utiliser le même écran et ensemble d’entrées/sorties que le SMAKY 2. Il a été remplacé par le Crocus avant d’être construit.

Le SMAKY 5 a été développé pour Bobst Graphic sous le nom de Scrib.

Interview de Jean-Daniel Nicoud au 50e de l'EPFL – 2019

Les SMAKY

Ingénieur physicien et professeur honoraire de L’EPFL, Jean-Daniel Nicoud a dirigé le laboratoire de micro-informatique (LAMI). Il a développé, au milieu des années 70, le micro-ordinateur didactique Dauphin et la série des ordinateurs SMAKY. Il est à l’origine du développement des premières souris.

Interview: Jérôme Genet