1974
La famille des SMAKY
Chapitre 4
L'aventure SMAKY
Au commencement
L’aventure SMAKY a débuté en 1975 avec les SMAKY 1, 2 et 3.
En 1974 déjà un ordinateur PCS (Portable Computer System) était développé en quatre mois par le professeur Jean-Daniel Nicoud chez Digital Equipment aux USA (processeur 8080, 8 Koctets de mémoire).
Dès 1976, le SMAKY 4 voit le jour à l’EPFL. C’était une petite machine portable. Elle servira en 1977-78 au développement du SCRIB (SMAKY 5), un ordinateur de saisie et traitement de textes utilisé par de nombreux journalistes de par le monde, mais principalement en France. Ce développement a été réalisé par l’EPFL en collaboration avec Bobst Graphic.
Développement des SMAKY
Epsitec-System SA a été fondé en 1978 à Belmont-sur-Lausanne. Tout a commencé par un club d’électronique qui, pour avoir de meilleures conditions lors de l’achat de matériel, a décidé de créer une entreprise. C’est pour être pris plus au sérieux que ce club s’est « transformé » en société anonyme. Du sérieux également lorsque ce club, devenu entre temps société, vend trois SMAKY au Collège Calvin à Genève. Il faut préciser que le club d’électronique du début vendait en kit deux ordinateurs: le Dauphin et le Crocus.
Epsitec n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un peu une grande famille dans laquelle chaque client devenait « membre » à part entière. L’entreprise collaborait étroitement avec le LAMI (Laboratoire de Micro-Informatique) de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, dirigé par le professeur Jean-Daniel Nicoud. Le LAMI contribuait au développement des ordinateurs (hardware) et de tout ce qui tourne autour de la machine comme le programme ASSEMBLEUR, le réseau, etc. tandis qu’Epsitec développait les programmes proches de l’utilisateur comme le traitement de texte, le tableur, le gestionnaire de données, etc.
En 1978, c’est la naissance du SMAKY 6, du SMAKY 7 en 1980 et du SMAKY 8 en 1981-82. Le SMAKY 8 a été largement utilisé par des passionnés d’informatique, mais aussi par des professionnels et des Gymnases à Neuchâtel et Lausanne.
Dans les années 1983-84, le SMAKY 100 a été développé en partenariat avec GESPAC et a été largement adopté par de nombreuses écoles en Suisse romande, ainsi que par des bureaux où il a apporté une contribution significative dans la gestion, le traitement de texte ou encore les fichiers de toutes sortes.
Suivront les SMAKY 324 (1988), SMAKY 300 (1990), SMAKY 196 (1991) développé pour les besoins du LAMI, SMAKY 130 (1992), SMAKY 400 et SMAKY Infini.
Les objectifs d’Epsitec
- Offrir des produits et services informatisés de qualité, c’est-à-dire fiables, conviviaux et performants
- Tirer parti des ressources de l’informatique pour améliorer la qualité de la formation et le plaisir à être formé (clubs, cours, documents pédagogiques pour l’étude individuelle)
- Garder dans notre pays une compétence aussi grande que possible dans le domaine de l’informatique.
La configuration de l’installation proposée aux écoles résultait d’une expérience de plus de 10 ans dans l’équipement de salles d’informatique pour l’enseignement et la formation continue. Elle correspondait à ce qui a avait été réalisé dans les écoles des cantons romands pour divers niveaux d’enseignement, du primaire au niveau universitaire.
Les utilisateurs
Ils étaient des dizaines de milliers, les utilisateurs de SMAKY en Suisse romande principalement. Des dizaines de milliers même si ce chiffre dépasse de loin le nombre de machines vendues. En effet, les SMAKY ont équipé de nombreuses écoles, Cycles d’Orientation, institutions de Suisse romande. Nombre d’élèves ont utilisé le SMAKY qui a ouvert leur esprit à l’informatique. Outre l’enseignement, SMAKY a fait également son entrée dans des bureaux, des garages, de grandes sociétés, des bibliothèques (là le SMAKY sert à la fabrication des catalogues, aux recherches d’ouvrages, au prêt, à la gestion des lecteurs, à la comptabilité, à la réservation, etc.), des entreprises s’occupant d’électricité et même chez les architectes qui l’appréciaient pour sa précision dans le dessin assisté par ordinateur.
Le logiciel de composition de livres associé au programme d’impression sur laser était également très performant. Depuis 1984 les manuels d’Epsitec, plusieurs gros livres scientifiques
disponibles en librairie ont été réalisés par un simple SMAKY connecté sur une imprimante laser RICOH.
Les SMAKY n’ont pas été vendus à des millions d’exemplaires, mais ils avaient le mérite d’être des produits issus directement de la recherche et mis à la disposition de Monsieur Tout-le-Monde dans les plus brefs délais. De plus, et ce n’était pas là le moindre de ses avantages, le SMAKY pouvait compter sur les développements futurs du LAMI de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne qui collaborait à la conception de la machine elle-même, tandis qu’Epsitec SA développait les nombreux logiciels qui touchaient à de vastes domaines.
Les logiciels
Il est important de souligner que les logiciels tournant sur SMAKY étaient écrits par des personnes de Romandie. Des programmeurs, mais aussi des professeurs d’universités ou de collèges et des particuliers qui n’avaient absolument rien à envier aux spécialistes des pays connus pour le développement informatique.
Le possesseur d’un SMAKY pouvait à tout moment avoir un dialogue avec le créateur du programme. Mieux, il pouvait lui demander des modifications, ou s’il en avait les connaissances requises, faire ces modifications lui-même puisque les programmes, à de rares exceptions, n’étaient pas protégés.
Enfin, le dialogue avec la machine se faisait en français et dans une optique tout à fait Suisse. La mentalité helvétique s’en ressentait autant à travers la machine qui était robuste, qu’à travers les programmes réalisés par des gens de chez nous.
L’utilisateur d’un SMAKY avait l’embarras du choix pour ses logiciels, complets et facilement paramétrables pour toutes les applications envisageables. Il faut aussi souligner leur facilité d’apprentissage: une personne sans aucune expérience en informatique pouvait maîtriser l’utilisation du traitement de texte, par exemple, en moins d’une demi-heure.
Parmi les nombreux programmes (vendus pour un prix global de 2000 CHF, y compris les mises à jour ultérieures et les manuels de format A5), il y avait bien entendu TEXT: le programme de traitement de texte; DESSIN: le fabuleux et puissant éditeur graphique. TABLEAU: le tableur dont les données pouvaient être traduites en graphiques au moyen de GRAPHE; FICHE: un puissant gestionnaire de données entièrement paramétrable par l’utilisateur; COMPTA: pour la comptabilité; PLAN: permettant la réalisation de plans et de schémas; SIGMA: qui transformait votre SMAKY en orgue électronique et vous permettait d’écrire des partitions jouables via l’interface MIDI (en option). SMAKY était également un ordinateur destiné aux programmeurs et concepteurs de systèmes.
Il y avait également de nombreux didacticiels sur SMAKY comme PROF, un programme permettant d’écrire des didacticiels en langage auteur, ainsi que de nombreux programmes, jeux, et programmes d’apprentissage, etc. dans des domaines comme la comptabilité, les langues, les mathématiques, les sciences naturelles, la physique, etc.
Textes: Jean-Bernard Mani (Archives du Musée Bolo)
Une aventure vaudoise de l’interface graphique
Daniel Roux, père de Blupi, est un illustrateur et pionnier vaudois du pixel art. Il a développé logiciels, didacticiels, et jeux ludo-éducatifs et a créé l’environnement visuel des ordinateurs SMAKY.
Captation/Montage vidéo: Jean-Marc Koller
© Musée Bolo
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