Real Time Banking de la SBS - Un système mixte à trois niveaux

12 avril 1977

Real Time Banking de la SBS - Un système mixte à trois niveaux

01 Informatique No. 432

Le système Real Time Banking est à ce jour, la plus grande réalisation bancaire de Suisse. En présentant le système, dont la première étape est opérationnelle depuis quelques semaines, la direction de la banque a souligné les buts poursuivis, rentabilité d’une part et intérêts des clients et de collaborateurs de la banque d’autre part (voir 01 hebdo, rubrique suisse, du n° 431). « L’ordinateur » a déclaré Max Kühne, directeur central de la SBS, « n’a qu’un caractère instrumental. Il n’est pas un but en lui-même ».

Toutefois, les solutions techniques choisies par la SBS méritent quelques éclaircissements.

Et tout d’abord, pourquoi les concepteurs du système ont-ils fait appel à deux constructeurs différents? « Au moment du choix des terminaux, en été 1973, Burroughs a été sélectionné car il proposait à l’époque, les terminaux bancaires et modulaires les plus évolués » nous dit E. Gautschi, directeur à la SBS et responsable de tout le projet. Il a donc fallu greffer tout un système de télétraitement de ce constructeur sur les unités centrales d’IBM, fournisseur de la SBS depuis 1961.

Dans ce but, le système a été conçu à 3 niveaux. Au cœur, le multiprocesseur IBM 360/168 relié à un double système d’ordinateurs Burroughs 3700 qui servent de « front-end » et constituent le niveau intermédiaire. Cette configuration est reproduite de manière identique dans les 3 centres régionaux de Bâle, Genève et Zurich. Le troisième et dernier niveau du système est situé dans chaque filiale de la banque où un concentrateur Burroughs DS 140 contrôle entre 4 et 8 postes de travail, terminaux à écran avec imprimante matrice TC 4000 pour les interrogations, terminaux à écran avec imprimante de caisse AP 100 pour les installations de guichet.

Dans chaque centre régional, un pupitre est utilisé pour la surveillance du réseau, dont la longueur sera de 5’000 km lorsque toutes les filiales seront reliées. Il forme un triangle dont les 3 sommets sont les 3 centres régionaux. De chaque centre des lignes, entre 25 et 30, partent en étoile vers les filiales.

Les réalisateurs du projet ont du résoudre, on s’en doute, de nombreux problèmes de logiciel. L’un d’eux a été d’adapter le système de gestion de banque de données choisi, IMS, aux besoins de RTB. IMS étant conçu pour l’accès en ligne aux informations, ce logiciel n’est pas efficace pour le traitement séquentiel. La SBS a développé un logiciel complémentaire qui permet de travailler avec 25% seulement du temps de calcul nécessaire à IMS. Appelé HSSR (High Speed Sequential Routine), ce logiciel sera vraisemblablement commercialisé par la SBS, en collaboration avec IBM.

Le trafic des paiements à la SBS
Le trafic des paiements à la SBS

Une autre difficulté a été d’établir la liaison entre les ordinateurs centraux (IBM 370/168) et les systèmes Burroughs 3 700. Le logiciel IRSS (Intelligent Remote Station Support) destiné initialement à relier les systèmes 3 et 7 à IMS a été utilisé en simulant le système 3 sur les front-end Burroughs. Ces derniers se servent de la procédure IRSS pour transmettre à IMS les messages en provenance des terminaux et leur renvoyer les réponses.

L’application principale de ces front-end est donc le programme de « message-switching » qui est chargé du trafic des messages entre les concentrateurs des filiales et le système « hôte » central. Toutefois une autre tâche importante leur est également dévolue, celle d’établir l’interface avec le réseau Swift. La banque évite ainsi l’achat d’un équipement supplémentaire, le SID (Swift interface device).

Ainsi que l’a souligné en conclusion E. Gautschi, le développement d’un système de « mixed hardware » à trois paliers a présenté un grand nombre de difficultés, mais qui sont aujourd’hui largement compensées par les avantages.

« D’une part, le système sera suffisamment souple pour pouvoir évoluer avec la technologie. Rien n’empêchera de changer les unités centrales, tout en conservant les terminaux. D’autre part, l’existence d’un palier intermédiaire permet de se connecter bientôt à d’autres réseaux comme Swift, ou ultérieurement à un système de clearing interbanque ou à Telekurs ».

Marielle Stamm

Real Time Banking de la SBS – la plus grande réalisation bancaire de Suisse, avril 1977


Real Time Banking de la SBS - La plus grande réalisation bancaire de Suisse

12 avril 1977

Real Time Banking de la SBS - La plus grande réalisation bancaire de Suisse

01 Informatique No. 431

« Les banquiers utilisent tous la même matière première et les mêmes sources, leurs produits sont identiques. Le moyen de se distinguer de la concurrence est de mieux servir les clients. » Ainsi s’est exprimé Max Kühne, directeur central de la Société de Banque Suisse (SBS), lors de l’inauguration à Bâle du système RTB (Real Time Banking) qui constitue le projet bancaire le plus important réalisé en Suisse. Autant par sa taille que par son universalité, le projet FTB place la SBS en tête du peloton des grandes réalisations bancaires non seulement en Suisse, puisque avec l’échec d’Ubisco l’UBS accuse pour l’heure un certain retard, mais aussi sur la scène internationale.

Bien que l’enveloppe financière du projet n’ait pas été divulguée, toujours pour des raisons de concurrence, on a une idée de son ampleur, à la fois par la taille de sa configuration, trois systèmes IBM 370/168 multiprocesseurs 3 x 3 milliards d’octets en mémoire de masse, trois doubles systèmes Burroughs 3700, 1 300 terminaux bancaire, et par la somme de labeur investie, 280 hommes-années de travail entre 1974 et 1976 pour le développement du projet.

Une économie de 800 personnes

Une réalisation d’une telle envergure n’a pas été menée, surtout par des banquiers, sans une étude de rentabilité préalable, faite à partir de 1973, et portant jusqu’en 1980. Les calculs ont montré que le système permettrait de réaliser, d’ici à 1980, une économie correspondant au travail de 800 personnes, soit 8% de l’effectif de la banque.

Le total des économies a pu être chiffré à 30 millions de FS par an environ, lorsque le système sera complètement installé. D’après ces mêmes calculs, le gain de productivité correspondrait aux besoins accrus résultant de l’augmentation du volume des affaires, l’effectif du personnel de la SBS devrait donc se stabiliser pendant un certain temps au niveau actuel. Une analyse des principales applications traitées en temps réel par RTB met en lumière une nette amélioration dans les temps de travail que nécessitent les opérations bancaires, principalement au guichet.

Dans une première phase, trois applications ont été développées autour de la banque de données (BDD), l’une des plus importantes du monde puisqu’elle est emmagasinée sur une mémoire de masse de 1,4 milliard d’octets. Des 11 millions de cartes stockées par la SBS avant son élaboration, 1 million a déjà été enregistré dans la BDD et 9 millions pourront être éliminés. Car dans cette BDD sont mémorisées une seule fois les données de relation, d’état et de mouvement de tous les clients de la SBS.

Interroger la BDD

La première application dite AKB (Auskunftsbereitschaft) permet l’interrogation de la banque de données par tous les collaborateurs SBS. Elles concernent le plus souvent l’accès au client par son nom, les relevés de titres estimatifs, les extraits de compte, les informations sue les titres, Actuellement, quelque 40’000 interrogations sont effectuées chaque jour par l’intermédiaire des 430 écrans déjà installés.

Il va sans dire que l’aspect sécurité a été une des principales préoccupations des concepteurs du système. Les employés ne peuvent accéder à la BDD que s’ils se sont annoncés au système par l’intermédiaire de leur carte d’utilisateur (plastifiée et munie d’une bande magnétique). Celle-ci restreint l’accès aux seules informations qui sont nécessaires à l’employé dans l’exercice de ses fonctions.

La deuxième application, dite RTB Caisse, permet d’effectuer toutes les opérations de caisse au même guichet, versements et prélèvements sur livrets et comptes, achat et vente de billets de banque, encaissements de chèques, ouvertures de comptes sur livret et bouclements de livrets.

Grâce à RTB, 6 phases du traitement manuel ont pu être éliminées. De ce fait, la banque compte pouvoir maîtriser un accroissement du volume des opérations de l’ordre de 40% sans avoir à installer de guichets supplémentaires.

Productivité accrue de 50%

Dans les services du trafic des paiements (virements de compte à compte, virement par giro bancaire, virements et ordres de paiement à l’étranger) qui font l’objet de la troisième application, cinq phases manuelles ont pu être supprimées et les expériences faites jusqu’ici ont démontré une augmentation de la productivité de l’ordre de 50%. Enfin une autre application, celle des opérations sur titres, ne sera développée que dans une deuxième étape.

Si la banque peut ainsi chiffrer l’augmentation de productivité dans ses différents secteurs, il lui est moins aisé de quantifier les effets du meilleur service offert au client. Celui-ci bénéficie d’un service accéléré, d’une meilleure information et de garanties contre les erreurs. Tous avantages quantitatifs qui placent la banque, nous l’avons vu, dans une meilleure position par rapport à la concurrence.

Marielle Stamm

(Dans la prochaine rubrique, deuxième partie de cet article: Un système mixte à trois niveaux.)

Real Time Banking de la SBS – Un système mixte à trois niveaux, avril 1977


Swift: un marché disputé

31 janvier 1977

Swift: un marché disputé

01 Informatique No. 421

suite du numéro 420

Plus de quarante banques sont déjà membres de Swift-Suisse. Mais si tous les principaux établissements financiers helvétiques sont compris dans ce nombre, il est toutefois loin d’être définitif. C’est pourquoi, les constructeurs de Sids, après s’être partagés les banques de la phase I, continuent à s’affronter pour celles de la phase Il (voir 01 Hebdo – N° 420).

Sur le marché global de Swift (environ 480 banques), Burroughs et General Automation sont à peu près à égalité pour la fourniture des Sids avec, respectivement, 204 et 175 banques clientes chacun. ICL vient loin derrière, avec 25 banques seulement à son actif.

Le choix du pool des banques

La répartition en Suisse est loin d’être semblable, Burroughs a fourni jusqu’à présent 26 banques, General Automation 7 et ICL 3 (voir liste en encadré).

Cette prépondérance de Burroughs trouve son origine dans la décision, prise en sa faveur, par un pool formé en 1975 par 20 banques et regroupant la majorité des banques cantonales et plusieurs banques régionales. Le choix du pool s’était toutefois porté initialement sur Singer, dont les Sids étaient, dans leur configuration minimale, plus petits, donc moins chers, que ceux de Burroughs. Ce qui convenait mieux à plusieurs banques du pool, de taille modeste.

La mise en vente par Singer de ses activités informatiques et leur rachat par ICL au printemps 1976 a entraîné une période d’incertitude au cours de laquelle le pool, craignant de ne pas être livré à temps, s’est adressé à Burroughs.

« Nous avons choisi la sécurité », déclare Helmut Käpplinger, fondé de pouvoir de l’Aargauische Hypotheken und Handelsbank et président du pool. « Burroughs est également fournisseur du système central, c’est une garantie. La troisième possibilité, General Automation, nous a paru moins sûre. Ce constructeur était, l’an dernier, confronté à des problèmes financiers ».

En réalité, le souci majeur du pool était le développement d’un logiciel d’application (Swift Application Software, SAS) complémentaire au logiciel standard des Sids.

En offrant SAS gratuitement à tous les membres du pool, Burroughs a obtenu l’adhésion en bloc des 20 banques.

Des logiciels complémentaires

Car Swift se borne à émettre et réceptionner des transactions. Chacune d’entre elles est effectuée séparément, sous forme codée. Le département étranger de chaque banque doit procéder ensuite à tout un travail complémentaire de décodage, de formatage des informations, d’émission d’avis de débit et de crédit, de comptabilisation, etc.

D’où les souhaits du pool de disposer d’un outil complet, et les efforts de Burroughs, mais aussi des autres constructeurs, pour fournir un tel outil à tous leurs clients.

SAS fait appel à plusieurs fichiers, clients principaux, banques principales, taux de changes, afin d’établir automatiquement les avis de débit et de crédit envoyés aux clients. Parallèlement, les documents nécessaires à la comptabilité sont préparés sur bande magnétique. Ce logiciel est accessible aux autres utilisateurs de Burroughs au prix de 50’000 CHF.

Bien qu’évincé du pool, ICL a toutefois reconstitué à Zurich une équipe Swift qui développe aussi un logiciel pour ses 3 utilisateurs (proposé au prix de 15’000 CHF). Ce produit est en passe d’être sélectionné par ICL comme « standard européen » et sera donc vraisemblablement proposé dans les autres pays membres de Swift. Il comprend un fichier clients à l’aide duquel les transactions sont décodées, puis formatées aux fins d’impression des avis. A l’instar de SAS, les documents comptables sont préparés sur bande.

Quant à General Automation, dont les soucis financiers paraissent se résorber, puisque les résultats des 2 derniers trimestres connus (d’avril à octobre 76) sont à nouveau positifs, elle va annoncer sur le marché suisse (aux environs de 20’000 CHF), un logiciel complet pour l’automatisation du département étranger de la banque (Auslandszahlungsverkehr): décomptes clients, transactions aux banques non Swift, chèques d’ordres, comptabilité interne, journal. Plusieurs banques autrichiennes et allemandes en ont déjà fait l’acquisition. Il existe, en outre, un logiciel de calcul automatique des clés télégraphiques bancaires développé par Stéria sur la gamme GA.

Les banques dont le choix n’est pas encore fait devront donc procéder non seulement à une évaluation des matériels sélectionnés mais aussi des logiciels complémentaires, en fonction de leurs besoins.

Mais la question d’actualité que se posent tous les intéressés est certainement la suivante: « Dans tout cela, qu’est-ce qui marche? ». Les informations les plus contradictoires circulent sur le sujet. Des difficultés subsistent essentiellement au niveau des raccordements. Raccordement au niveau des concentrateurs et Burroughs, Swift et les PTT se renvoient la balle. Raccordement entre le logiciel standard et le logiciel d’application, car la connexion entre les 2, considérée par Swift comme non prioritaire, n’est pas encore faite.

Mais d’ici au Jour J du 14 mars, des miracles sont encore possibles.

Marielle Stamm

Liste des banques suisses membres de Swift par constructeur choisi

Burroughs

  • Allgemeine Aargauische Esparniskasse
  • Basler Kantonalbank
  • Handwerkerbank
  • Gewerbekasse Bern
  • Kantonalbank Bern
  • Spar und Leihkasse in Bern
  • Aargauische Hypotheken und Handelsbank
  • Bank in Langenthal
  • Bank in Langnau
  • Banque cantonale vaudoise
  • Basellandschaftliche Kantonalbank
  • Banca del Gottardo
  • Banco di Roma
  • Luzerner Kanzonal Bank
  • Solothurner Handelsbank
  • Solothurner Kantonal bank
  • St Gallische Kreditanstalt
  • Kantonalbank St Gallen
  • Zuger lantonal bank
  • Handelsbank N.W./Zurich
  • Bank Leu AG
  • Morgan Guaranty
  • Bank Neumunster
  • Zurcher Kantonal Bank
  • Trade Development Bank
  • Union de banques suisses (SBG)
  • Société de banque suisse (reliée directement par B3700)

General Automation

  • First National Bank of Chicago
  • Crédit Lyonnais
  • Société Générale Alsacienne de banque
  • Schweizerische Kreditanstalt
  • Spar und Leihkasse Thun
  • Bank für Internationalen Handel
  • United Overseas Bank

ICL

  • Banque scandinave en Suisse
  • Banque vaudoise de crédit
  • Banque Julius Baer et Cie

Directement reliées par IBM

  • Banque populaire suisse
  • Banque della Swizzera Italiana

Ainsi fonds, fonds, fonds… – Les banques suisses raccordées à Swift, janvier 1977


Ainsi fonds, fonds, fonds... - Les banques suisses raccordées à Swift

24 janvier 1977

Ainsi fonds, fonds, fonds... - Les banques suisses raccordées à Swift

01 Informatique No. 420

Si les dernières prévisions sont tenues (du 1er septembre 76, le jour J a été repoussé au 1er septembre, puis au 14 mars), 37 banques suisses se raccorderont à Swift au printemps prochain. Ce jour-là, abandonnant la vole postale trop lente ou le télex limité, elles effectueront leurs transferts internationaux de fonds par l’intermédiaire du réseau d’ordinateurs mis en place par Swift. Mais, derrière les réalités techniques, la politique déploie un arsenal embrouillé, car l’enjeu dépasse de loin l’application elle-même.

Swift n’est en effet que la pointe de l’iceberg et c’est bien souvent l’ensemble des applications de la banque que convoitent les constructeurs impliqués dans le projet.

Les protagonistes

Mais qui sont-ils? Il y a d’abord Burroughs, fournisseur de l’ensemble du réseau, soit les ordinateurs centraux (deux B 3700 doublés situés respectivement à Bruxelles et Amsterdam), les concentrateurs nationaux *, installés dans chaque pays, et le logiciel associé.

Swift a d’autre part sélectionné et agréé 3 fournisseurs de SID (Swift Interface Device), qui sont de petits ordinateurs servant d’interface entre les banques et le réseau. Ce sont Burroughs à nouveau, General Automation et Singer, devenu dans l’intervalle ICL.

Toutefois, à côté des 3 fournisseurs officiels, les autres constructeurs sont loin d’avoir baissé les bras. En particulier IBM, qui se fait fort de court-circuiter les SID en raccordant directement au réseau Swift les installations centrales des banques équipées de son matériel.

Les intéressés aujourd’hui…

Que représente le marché de Swift dans notre pays? Les banques suisses membres du projet ont fondé une société simple en 1974, Swift Suisse, qui regroupe aujourd’hui 43 établissements ayant un important trafic avec l’étranger.

En font partie bien sûr, les 5 grandes banques et aussi des banques cantonales et régionales et caisses d’épargne, d’autres banques à caractère commercial ainsi que des caisses de crédit mutuel. Quelques filiales de banques étrangères en Suisse sont également reliées à Swift par l’intermédiaire de leur société-mère.

Par rapport à la totalité des banques membres, plus de 480, Swift Suisse en représente donc le dixième, mais les estimations concernant le volume des échanges prévoient un pourcentage un peu plus faible en volume, soit 6,6% à l’émission et 8,2% à la réception.

La majeure partie de ces banques sera reliée à Swift dès le printemps, dans la Phase I, les autres membres seront connectés ultérieurement dans la Phase Il.

Pour les premières, le choix de leur fournisseur s’est effectué au cours des années 75 et 76. Le marché se répartit aujourd’hui de la manière suivante: 27 banques ont opté pour Burroughs, 7 pour General Automation, 3 pour ICL, enfin 2 seront directement connectées par IBM.

Nous reviendrons en détail, dans notre prochaine rubrique, sur ces choix et les raisons de la suprématie de Burroughs. La première explication étant la décision, en dernier ressort, du pool des banques formé en 1975 et regroupant la majorité des banques cantonales et plusieurs régionales (en tout une vingtaine).

… et demain

Mais les rivalités sont loin d’être à leur terme. Car si tous les établissements financiers suisses importants font déjà partie de Swift, il reste une quantité de membres potentiels parmi les plus petites banques. Leur nombre, évalué à une vingtaine par certains constructeurs, pourrait bien être sensiblement plus élevé. C’est ce que nous explique le Professeur Max Engeli, membre du Comité Swift à Bruxelles et coordinateur des banques suisses sur le projet Swift: « La concurrence entraînera nécessairement l’adhésion de petites banques même si leur trafic avec l’étranger est modeste. Ces banques représentent toutefois un marché très différent. Car elles souhaiteront également développer l’ensemble de leurs applications ». On comprend dès lors l’importance du SID véritable cheval de Troie à l’intérieur de la banque.

(A suivre)

* En Suisse, le concentrateur est installé à l’UBS à Zurich.

Marielle Stamm

Swift: un marché disputé, janvier 1977


Divergences autour de l'informatisation de la police

25 avril 1977

Divergences autour de l'informatisation de la police

01 Informatique No. 433

Forces centrifuges et tendances centralisatrices continuent à s’affronter autour des différents projets proposés pour doter la police de moyens informatiques. Aussi les choses n’ont-elles pas beaucoup évolué depuis notre article paru le 28 juillet 1975 (01-Hebdo – N° 345), elles se sont simplement précisées.

D’un côté, le projet fédéral KIS (Kriminal polizeiliches Informations System) centralisé remporte les suffrages de 19 cantons suisses alémaniques; de l’autre, le projet élaboré à Genève a été adopté dans son principe par les cantons romands et le Tessin.

Les divergences sont telles qu’une expertise en vue d’évaluer les solutions est en cours. Le verdict sera connu fin mai.

Si l’adoption d’un système pour doter la police (ou les polices) suisse accuse un tel retard (de tels systèmes sont déjà opérationnels dans plusieurs pays, comme par exemple la Suède et l’Allemagne), c’est que peu de projets se meuvent dans un contexte aussi délicat et se heurtent à autant de difficultés.

Un contexte plein d’obstacles

La première tient au domaine concerné, celui de la police, sur lequel chaque individu est, on le sait, extrêmement sensibilisé. Chaque occasion de relancer une polémique sur la protection de la sphère privée ne manque pas d’être exploitée par les mass media ou par les partis politiques.

suite page 15

L’informatisation de la police, la quadrature du cercle – Suite de la première page

Aussi les autorités de police observent-elles une très grande prudence et l’adoption récente à Genève d’une loi sur la protection des données n’est-elle pas tout à fait étrangère au développement du projet de la police genevoise.

La deuxième difficulté découle de la structure fédéraliste de la Suisse. Certains cantons souhaitent conserver leur souveraineté et leur indépendance en matière de police, ne laissant à la Confédération que les domaines bien spécifiques qui lui sont réservés. D’autres préféreraient mettre en commun et centraliser les moyens techniques pour partager les coûts d’investissement.

Corollaire du fédéralisme, le bilinguisme complique encore la tâche. Les cantons romands, auxquels s’est greffé le Tessin, trouvent qu’un système bilingue reviendrait très cher et marquent leur préférence pour un système régional francophone.

Enfin, la complexité du problème vient essentiellement du nombre de personnes et organismes impliqués dans les décisions à prendre. Viennent d’abord les autorités. Sur le plan cantonal, les autorités politiques, directeurs de justice et police et les autorités opérationnelles, les commandants de police. Sur le plan fédéral, le chef du département de justice et police et le Procureur général de la Confédération. Nous trouvons ensuite différents organismes consultatifs, comme à Berne, la Centrale pour les questions d’organisation ou ZOB, qui donne son avis sur tous les investissements de la Confédération en matière d’informatique, et son parallèle à Genève, la Commission Interdépartementale de l’Informatique ou CIDI. Sur le plan intercantonal, intervient la Conférence suisse sur l’informatique.

En outre, il existe des commissions spécialisées qui sont l’émanation des différentes autorités que nous venons de citer; la Commission informatique des directeurs, créée comme son nom l’indique par la Conférence des directeurs de police, et la Commission EDV issue de la conférence des commandants.

Nommée par cette dernière, la commission du projet KIS se compose de trois membres, un Zurichois, un Genevois et un représentant de la Confédération émanant de la ZOB.

Enfin, et en dernier ressort, la commission EDV a décidé de demander une expertise comparative des solutions à un groupe d’experts neutres et de confier à la Conférence suisse sur l’informatique la tâche d’organiser les travaux. Ce groupe doit déposer son rapport prochainement, rapport qui devrait dénouer théoriquement l’affaire.

C’est donc dans ce contexte que se sont développés en parallèle les projets de solutions qui s’opposent aujourd’hui. Les divergences reposent d’ailleurs sur une ambiguïté concernant les compétences respectives des cantons et de la Confédération.

Personnes recherchées ou personnes connues

A l’origine, le principe selon lequel le casier judiciaire, le registre des détenus et les personnes recherchées (Moniteur suisse de Police) étaient du ressort de la Confédération, tandis que la recherche criminelle restait de la compétence des cantons, paraissait acquis. Acquise aussi, une participation financière de la Confédération dans ce dernier domaine.

C’est pourquoi la Commission du projet KIS a entrepris en priorité, dès 1972, une étude sur les personnes recherchées. Et, en parallèle, Genève a développé un projet portant essentiellement sur la recherche criminelle sur la base d’un fichier des personnes connues. En 1976, dès lors que le modèle KIS englobait et centralisait la deuxième démarche, la recherche criminelle, les deux projets: devenaient concurrents.

Marielle Stamm

Voir la deuxième partie de cet article: Faut-il centraliser?


L'informatisation de la police (2e partie) - Faut-il centraliser?

2 mai 1977

L'informatisation de la police (2e partie) - Faut-il centraliser?

01 Informatique No. 434

La structure fédéraliste de la Suisse et le bilinguisme créent autant d’obstacles aux projets informatiques de la police (voir 01 Hebdo n° 434 du 2 mai). Deux projets s’opposent aujourd’hui, le projet KIS, à tendance centralisatrice, et le projet régional (Romandie et Tessin) élaboré à Genève. Une commission d’experts analyse les solutions et donnera son avis à la fin du mois de mai.

Le modèle KIS

S’il est adopté, le modèle KIS sera réalisé en deux étapes dont la première devrait être opérationnelle en 1981. Le coût de cette première étape se situerait aux environs de 50 millions de francs. Trois applications sont prévues successivement: le fichier des personnes recherchées, le fichier des personnes connues, le fichier des objets numérotés (véhicules, armes, etc.).

L’application concernant les personnes recherchées a été particulièrement approfondie par la police zurichoise, c’est pourquoi nous l’avons appelée « la variante zurichoise ». L’automatisation devrait permettre de détecter en l’espace de 4 secondes si un suspect figure dans le fichier des personnes recherchées, c’est-à-dire faisant par exemple l’objet d’un mandat d’arrêt.

Ce fichier comprend entre 60’000 et 70’000 individus. Une connexion du système aux postes de douane importants et aéroports permettrait une poursuite efficace.

Beaucoup plus vaste puisqu’il concerne environ un million de personnes, le fichier des personnes connues englobe toutes « les personnes ayant un passé criminel ». Ce terme peut être compris plus ou moins extensivement. Établi pour assister la police dans la recherche criminelle, les temps de réponse très courts ne sont plus indispensables comme pour le premier fichier. Les méthodes d’accès sont très différentes. La recherche sera faite selon plusieurs critères (le modus operandi, les habitudes criminelles, les indices, etc.).

Enfin le registre des objets et véhicules numérotés contribue aussi à assister la police dans la recherche criminelle (vols de voiture, chèques volés, etc.).

La deuxième étape de KIS développera les applications relatives aux empreintes digitales, aux délits, au casier judiciaire et aux objets non numérotés.

Pour la réalisation technique de KIS, on prévoit un centre informatique avec un système en duplex, pour garantir un fonctionnement 24 heures sur 24. Ce centre pourrait être localisé à Berne, au Traubenhalde, ou ailleurs. Le système serait relié en télétraitement à un réseau de terminaux installés dans environ 110 sites, dans les « centres nerveux » de la Confédération (gouvernement, police des étrangers, département de police) aux postes de douane et aéroports et dans les 25 commandements cantonaux.

Il faut souligner toutefois que si le système central est unique, la saisie reste décentralisée selon le principe du « possesseur ». Chaque information porte la trace de son lieu d’origine et ne peut être supprimée ou modifiée qu’en ce lieu.

Le modèle romand et tessinois

Initialisé dès 1971, donc avant le projet KIS, un premier projet genevois avait donné lieu à un appel d’offres en 1973 en vue de constituer un système régional (Romandie et Tessin) système ambitieux auquel un certain nombre de constructeurs avaient répondu. Peu après le dépôt par la Sogeti de son rapport sur l’évaluation des solutions proposées, ce projet recevait un coup d’arrêt.

Diverses raisons sont à la source de cette décision. Le changement de directeur au département de justice et police de Genève, l’intervention de la CIDI, nouvellement créée, les difficultés budgétaires engendrées par la récession naissante et non des moindres, la remise en question de la participation financière de la Confédération à un projet non centralisé.

En conséquence, une solution beaucoup plus modeste est proposée par Genève en septembre 1975, à ses partenaires romands et au Tessin. En mai 1976, un projet de convention entre ces derniers et une enveloppe financière sont approuvés par les directeurs, ainsi que les priorités choisies, à savoir le développement de l’application portant, dans une première étape, sur les personnes connues.

Quant à la solution technique préconisée, elle est basée sur un miniordinateur (toutefois le Dec System 20 dont il serait, paraît-il, question de source non officielle, n’est pas, à proprement parler, un miniordinateur) relié par télétraitement à des systèmes de saisie situés dans chaque canton. Ce schéma, pourrait, s’il est adopté dans toute la Suisse, être renouvelé une ou deux fois (un système à Berne plus un ou deux dans les cantons alémaniques) en vue de constituer un réseau à deux, trois ou quatre pôles.

En fait, une partie du système, celle concernant la saisie est déjà installée et opérationnelle. Les cantons de Genève, Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel et Tessin, possèdent chacun un système MDS 2400 (Genève en ayant deux) sur lequel sont préparés leurs fichiers.

Les données sont saisies et validées sur le système puis transmises à la police genevoise. Aujourd’hui les données sont ensuite traitées « off line » et séparément par cantons, sur l’ordinateur du canton de Genève de la Terrassière (HB 6030). Demain, si le projet voit le jour, elles le seront sur le miniordinateur prévu, auquel l’un des MDS genevois servirait de front-end.

Ainsi, en ce qui concerne toute la saisie, la Romandie et le Tessin sont en avance par rapport à leurs voisins alémaniques. Et, dans l’hypothèse où les résultats de l’expertise écarteraient la solution romande et tessinoise, rien n’assure que les cantons qui y sont impliqués, abandonneront facilement un projet dans lequel ils ont déjà beaucoup investi.

Marielle Stamm

Divergences autour de l’informatisation de la police, avril 1977


La loi sur la protection des données

14 février 1977

La loi sur la protection des données

01 Informatique No. 423

Loi sur la protection des informations traitées automatiquement par ordinateur (B 4 12 – 4135) du 24 juin 1976. Le Conseil d’Etat de la République et canton de Genève fait savoir que le Grand Conseil décrète ce qui suit :

Chapitre I – Protection des données

Article 1 – Principe

La présente loi s’applique à tous les fichiers de l’État, des communes et des établissements de droit public préparés aux fins de traitement automatique, à toutes les données qui sont stockées et à tous les résultats du traitement de ces fichiers.

Art. 2 – Contenu

  • Les fichiers, données et résultats couverts par cette protection sont établis, transmis et stockés de telle sorte qu’ils ne peuvent être consultés, modifiés, extraits ou détruits par une personne non autorisée.
  • Le Conseil d’État décide de cas en cas dans quelle mesure les services des administrations cantonales, communales et des établissements de droit public peuvent consulter ou extraire les fichiers, données et résultats. Il édicte un règlement d’exécution à cet effet.
  • Le Conseil d’État peut autoriser la création de banques de données et de systèmes d’informations intéressant plusieurs services ou administrations.

Art. 3 – Secret

Les personnes chargées de la préparation, de la transmission, du stockage et du traitement automatique des données sont tenues au secret; elles n’ont notamment pas le droit de communiquer ou de mettre à disposition d’autres personnes physiques ou morales, ou d’autres services publics, les informations obtenues dans l’exercice de leurs fonctions, sauf si elles y sont autorisées ou contraintes en vertu de la présente loi ou de son règlement d’exécution.

Art. 4 – Communication

  • Le Conseil d’État peut autoriser la communication des fichiers, données et résultats pour la constitution de banques de données et de systèmes d’informations et pour les besoins en statistiques de l’État, des communes et des établissements de droit public.
  • Les données et ensembles de données ne contenant aucune précision de caractère essentiellement privé relative à des personnes physiques ou morales et ne permettant pas de déduire de telles précisions peuvent être communiqués et publiés. Cette communication est toutefois interdite si un intérêt public ou l’intérêt prépondérant de tiers s’y oppose.

Chapitre Il – Contrôle cantonal de l’informatique

Art. 5 – Surveillance

Une commission de contrôle de l’informatique de l’État (ci-après la commission) est chargée d’exercer une surveillance selon les dispositions de la présente loi.

Art. 6 – Composition

La commission est composée de 5 membres titulaires et de 3 suppléants. 3 titulaires et 2 suppléants sont désignés par le Conseil d’Etat, 2 titulaires et 1 suppléant par le Grand Conseil. La commission est nommée pour 4 ans.

Art. 7 – Nouveaux fichiers

Le Conseil d’Etat informe la commission de la création de tout nouveau fichier ou banque de données.

Art. 8 – Attributions

La commission:

  • s’assure que les dispositions légales et réglementaires concernant le traitement confidentiel des informations et des fichiers sont strictement observées pendant les opérations de traitement automatique des données;
  • formule un préavis, sur demande du Conseil d’État, concernant la communication des fichiers, données et résultats;
  • statue sur les plaintes des personnes qui estiment que le traitement automatique des données contient des erreurs ou est utilisé à des fins impropres et que leurs droits sont violés;
  • soumet chaque année, voire plus fréquemment en cas de nécessité, un rapport au Conseil d’État.

Art. 9 – Accès

  • Les membres de la commission sont tenus au secret, conformément à l’article 3 de la loi concernant les membres des commissions officielles, du 24 septembre 1965.
  • Ils ont accès aux fichiers de l’État, des communes et des établissements de droit public, ainsi qu’aux données et aux résultats du traitement des fichiers dans le cadre défini par leurs attributions et dans la mesure requise par l’exercice de leurs fonctions.
  • Demeurent réservées les dispositions légales et réglementaires particulières relatives au secret.

Art. 10 – Plainte

  • Toute personne dont les droits sont violés par une modification. une destruction ou une extraction illégales de données la concernant peut déposer plainte auprès de la commission et demander la cessation de cet acte.
  • Toute personne lésée par des données inexactes peut déposer plainte auprès de la commission et demander la correction des données.
    Demeurent réservées les dispositions de la loi sur la responsabilité civile de l’État et des communes, du 23 mai 1900.

Art. 11 – Recours

Toute décision de la commission peut faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal administratif.

Chapitre III – Dispositions finales

Art. 12 – Entrée en vigueur

Le Conseil d’État fixe la date de l’entrée en vigueur de la présente loi.

Art. 13 – Modification à une autre loi

La loi sur le Tribunal administratif et le Tribunal des conflits, du 29 mai 1970 (E 3, 5 1), est modifiée comme suit:

Art. 9, al. 1, chiffre Il bis (nouveau)

1° bis: décisions de la commission de contrôle de l’informatique de l’État (B 4 12, art. 11).

Le Conseil d’État est chargé de promulguer les présentes dans la forme et le terme prescrits.

Fait et donné à Genève, le vingt-quatre juin mil neuf cent septante-six, sous le sceau de la République et les signatures du président et du secrétaire du Grand Conseil.

Le président du Grand Conseil: Jules Ducret.

Le secrétaire du Grand Conseil: Georges Martin.

Le Conseil d’État, vu l’expiration du délai de référendum (1), arrête:

La loi ci-dessus est promulguée pour être exécutoire dans tout le canton dès le lendemain de la publication du présent arrêté.

Genève, le 2 février 1977.

Certifié conforme

Le chancelier d’État: Jean-Paul Galland.

(1) Publié le 5 juillet 1976. Délai de référendum : 4 août 1976.

Arrêté concernant la date d’entrée en vigueur de la loi sur la protection des informations traitées automatiquement par ordinateur du 26 janvier 1977

Le Conseil d’État, vu l’article 12 de la loi sur la protection des informations traitées automatiquement par ordinateur, arrête:

L’entrée en vigueur de la loi sur la protection des informations traitées automatiquement par ordinateur, du 24 juin 1976 (B 4 12), est fixée au 1er mars 1977.

Certifié conforme

Le chancelier d’État: Jean Paul Galland.

Informatique et libertés: examen du projet fédéral à la session des cadres du GRI, février 1976


Informatique et libertés: examen du projet fédéral à la session des cadres du GRI

23 février 1976

Informatique et libertés: examen du projet fédéral à la session des cadres du GRI

01 Informatique No. 372

A la recherche de formules nouvelles, le groupement romand de l’informatique vient d’animer une session dite « informelle » pour les cadres de ses sociétés membres. Désireux d’approfondir des problèmes proches des préoccupations des cadres, le GRI avait invité diverses personnalités, Guy-Olivier Segond, conseiller juridique du département de l’Instruction Publique à Genève, Serge Neukomm, président de la Commission du Grand Conseil Vaudois, Charles Ducommun, ancien directeur des PTT et M. Rossel, directeur du Centre Patronal Vaudois.

Le débat s’est orienté surtout, actualité oblige, sur la participation et le projet syndical et contreprojet fédéral qui feront l’objet du vote du 21 mars prochain.

Serrant de plus près les problèmes reliés à l’informatique, Guy-Olivier Segond, promoteur du projet de loi visant à la protection du citoyen contre l’ordinateur, projet déposé dans le canton de Genève, a exposé les dangers que représente la réalisation de grandes banques de données, qu’elles soient publiques ou privées, pour les libertés individuelles.

« Chaque information est le support d’une information potentielle beaucoup plus large, grâce aux possibilités d’accumulation, d’intégration, d’interconnexion, de traitement, et de diffusion qu’offrent les grands systèmes électroniques ». Et d’évoquer, à titre d’exemple, le projet de réseau entre les différents centres informatiques du canton de Genève, dans le cadre d’une étude d’harmonisation, réseau qui permettrait d’intégrer plusieurs banques de données, détenues aujourd’hui séparément par différents départements, police, contrôle de l’habitant, finances, hôpital, département de l’enseignement.

Certains pays, comme la Suède et d’une manière plus restreinte les USA, se sont dotés de lois pour lutter contre le déséquilibre du pouvoir qui risque d’entraîner la détention unilatérale d’un grand nombre d’informations et pour protéger les libertés du citoyen.

Au Canada, deux provinces, aux États-Unis, deux états, en RFA, deux lander, ont adopté des réglementations similaires. Notons, en passant, que tous ces pays sont des états fédéraux. En Suisse, un projet a été déposé par le parti radical, dont fait partie Guy-Olivier Segond, tout d’abord à Genève, puis en Argovie et dans le canton de Vaud.

Plusieurs mesures sont proposées. La première préconise la création d’un registre public des banques de données contenant des indications sur la vocation des fichiers, le type d’informations qu’ils renferment, l’identité des utilisateurs et bien entendu, le nom et l’adresse de l’exploitant.

Le principe de la protection de la sphère privée serait établi en exigeant le consentement de l’intéressé pour le traitement des données qui le concernent. Toutefois, chaque fois que l’intérêt public le justifie, les données personnelles pourraient être enregistrées, traitées et diffusées.

Cela revient-il à dire que le citoyen ne sera pas protégé contre les indiscrétions des banques de données publiques? Non, car les données personnelles seraient réparties selon différentes catégories, chacune d’entre elles étant affectée d’un accès à l’information variable, allant de défendu à public.

Ainsi, par exemple, si le nom et l’adresse sont publics, les données relatives aux opinions politiques ou religieuses ne peuvent être enregistrées en aucun cas. Mais l’enregistrement de certaines données peut aussi être réservé à certaines autorités. Et par exemple, les données médicales seront accessibles aux seuls hôpitaux, assurances maladies, médecin traitant, etc.

Une autorité de surveillance devra être instituée pour veiller à l’application des principes posés. La nature de cette autorité est très contestée. Selon les pays et les projets, elle est issue du pouvoir exécutif, législatif ou judiciaire. Le projet genevois s’inspire de la solution adoptée par le land de Hesse et se prononce en faveur de la nomination d’un « on budsman » qui tiendrait à jour le registre public des banques de données publiques et privées et veillerait à l’application de la loi.

Ce projet de loi reprendra sûrement toute son actualité lorsque les crédits alloués au projet remanié de la police genevoise devront être votés.

Marielle Stamm

La loi sur la protection des données, février 1977


Un ordinateur à l'école hôtelière: la toque et le clavier

6 décembre 1976

Un ordinateur à l'école hôtelière: la toque et le clavier

01 Informatique No. 413

L’art de lier les sauces ou de composer un menu ne suffit plus aujourd’hui pour former un hôtelier accompli. L’École hôtelière de Lausanne en est consciente, puisque depuis plusieurs semaines ses élèves s’initient, parmi les autres disciplines de gestion et d’administration, aux secrets de l’informatique. Dans ce but, et aussi pour effectuer la gestion administrative de l’école, l’achat d’un ordinateur a été décidé dès 1975.

Un ordinateur à l'école hôtelière
Un ordinateur à l’école hôtelière

Après un appel d’offres auprès de 18 constructeurs, une telle abondance est symptomatique d’un utilisateur devant son premier choix, Digital Equipment a remporté l’affaire et livré, au printemps dernier, un PDP 11/40. Le fait que Fides ait été consulté pour effectuer la sélection, et ceci juste avant l’annonce officielle qu’elle devenait fournisseur OEM du matériel de DEC, explique dans une certaine mesure le choix. Quoi qu’il en soit, l’expérience du constructeur dans les problèmes d’enseignement ainsi que l’image de marque de DEC ont été déterminants pour l’utilisateur.

D’ailleurs le système, qui peut contrôler jusqu’à 16 terminaux (aujourd’hui, le système gère 6 terminaux à écrans VT52 et une imprimante LA 35), est sûrement mieux adapté aux besoins de l’école qu’un petit système de gestion classique.

Car l’ordinateur a, nous l’avons dit, une double vocation et servira à la gestion administrative et comptable ainsi qu’à l’enseignement.

L’administration

La gestion de l’école dépend de trois secrétariats aux tâches distinctes.

Le secrétariat général gère les dossiers des élèves depuis leur inscription avec enregistrement de leur curriculum vitae, jusqu’à la fin des études. Celles-ci sont compliquées par le fait qu’elles comprennent 4 semestres de cours dans l’école, entrecoupés par des stages dans des hôtels. Le suivi des élèves, en cours ou en stage, est donc indispensable. L’école accueille chaque année environ 800 élèves répartis sur 2 volées d’un semestre. Le secrétariat doit aussi veiller à ce que le pourcentage d’étudiants étrangers ne dépasse pas 49%, taux maximum imposé par la Confédération. Dans ce but, un programme de contrôle sera introduit dans le système.

Un deuxième secrétariat, celui de l’enseignement, a pour responsabilité la gestion des notes, la gestion des examens et l’organisation de l’emploi du temps.

Enfin, la comptabilité effectue le suivi des comptes, paiement de la scolarité, rappels, etc. Une société extérieure, Computime, assiste l’école dans l’élaboration de ces programmes.

Lorsque l’ensemble des travaux sera terminé, au début de l’année 1978, chaque secrétariat sera pourvu d’un terminal qui servira à l’introduction des données et l’interrogation.

L’enseignement

L’apprentissage de l’informatique apparaît au programme du dernier semestre d’études des futurs hôteliers, celui qui est réservé à la gestion et à l’administration. Chaque élève devra suivre 4 heures de cours, 2 de théorie et 2 de pratique par semaine, pendant 18 semaines. Les élèves, répartis par groupes de 12, apprennent à programmer en Basic, directement sur les écrans mis à leur disposition dans la salle de cours. Les programmes portent sur la matière de cours annexes, comme celui de planification technique où sont élaborées, par exemple, les prévisions du matériel nécessaire à un complexe hôtelier.

Les étudiants les plus motivés peuvent choisir l’option informatique. Ils développeront des programmes-produits qui seront utilisés par leurs camarades.

L’intérêt de l’outil ordinateur n’a pas échappé aux enseignants de l’école. Le professeur de comptabilité a développé, à l’aide du logiciel Decal, un programme d’enseignement programmé pour sa matière. Philippe Charlot, responsable du service informatique et professeur d’informatique à l’école, a mis au point un programme d’élaboration automatique des tests de surveillance des connaissances. Chaque élève reçoit un test différent de celui de son voisin. Plus moyen de copier sur son épaule.

Enfin, les grands prêtres de la cuisine eux-mêmes ne sont pas restés insensibles à l’appel de l’informatique. Un programme de planification des menus avec liste des ingrédients nécessaires et affectation des plats par catégories (cher, peu coûteux, etc.) selon les prix de revient, est en cours d’étude en collaboration avec le professeur de cuisine. Dans le complexe ultra-moderne de la nouvelle école, au Chalet à Gobet, l’alliance de la toque et du clavier est un mariage réussi.

Marielle Stamm


Interview exclusive de Hans R. Lüthy: IBM-Suisse face à son marché

5 avril 1976

Interview exclusive de Hans R. Lüthy: IBM-Suisse face à son marché

01 Informatique No. 378

Treizième entreprise commerciale dans notre pays, IBM Suisse a réalisé en 1975 un chiffre d’affaires de 549 millions de francs suisses, avec un effectif de 2’400 personnes. Dans une interview exclusive à 01 Informatique, Hans R. Lüthy, 31 ans d’IBM à son actif et directeur d’IBM Suisse depuis bientôt 20 ans, décrit sa société, dans le contexte du marché informatique d’aujourd’hui.

Hans R. Lüthy
Hans R. Lüthy

01 Informatique: Quelle est l’importance d’IBM Suisse par rapport aux autres filiales européennes?

Hans R. Lüthy: Le caractère d’une société varie d’un pays à’ l’autre, selon que celle-ci possède ou non des unités de production ou un centre de développement d’applications par industrie. IBM Suisse est une organisation de vente et de prestation de services. Malgré sa taille modeste, notre pays représente un marché important pour IBM. Par sa densité en ordinateurs, la plus forte du monde, par ses applications avancées, la Suisse fait figure de pionnier, au même titre qu’un grand pays industrialisé.

01: Compte tenu de l’absence d’industrie informatique nationale suisse, IBM occupe-t-elle une position privilégiée?

H.L.: Non. Le jeu de la concurrence fonctionne parfaitement en Suisse et y maintient un climat sain. Tous les constructeurs ont leur chance, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Il faut cependant souligner que la situation économique a pour corollaire une situation de marché plus difficile. La concurrence est devenue plus dure.

01: IBM occupe-t-elle une place prépondérante dans les administrations?

H.L.: Nous comptons de nombreux clients dans les administrations publiques. L’expérience du constructeur est primordiale dans la décision de cette catégorie de clients. Lorsque je dis expérience, je l’entends dans toute l’acception du terme. Il est naturel, par exemple, que les administrations publiques se préoccupent de problèmes de sécurité et de protection des données. Nous avons coopéré à la création d’un concept en la matière, lors du développement du projet du Canton de Bâle-Ville, qui est aujourd’hui encore une référence. De même pour la ville de Lausanne, qui sera aussi un modèle du genre.

01: Quelle est la place d’IBM dans les secteurs privilégiés de l’économie suisse, banques, assurances etc.?

H.L.: Pour vous donner une idée de notre clientèle dans ces secteurs, je vous citerai la Société de Banque suisse, le Crédit Suisse, la Banque populaire suisse, la Banque Leu et de nombreuses banques cantonales, la Société Suisse de réassurance, la Zurichassurances, la Winterthur-Assurances. Mais les petits établissements bancaires sont aussi nombreux parmi nos clients qui sont souvent équipés en systèmes 3.

01: Quelles sont vos références dans le secteur industriel, process-control, contrôle de production?

H.L.: Nous avons réalisé plusieurs installations complexes dans ce domaine. Le système 7 a succédé au 1800. Par exemple, la cimenterie « Zementwerke AG Untervaz » utilise un système 7 pour la surveillance et la commande des équipements d’homogénéisation et de mélange ainsi que pour la commande des fours.

01: Quels sont les produits qui marchent le mieux dans notre pays?

H.L.: Il est difficile pour les gros matériels de mesurer leur succès en nombre de systèmes vendus. Pour les matériels de grande diffusion, cet indicateur est plus significatif. Les systèmes 3 suscitent toujours un intérêt réel et le système 32 surtout a remporté un franc succès. Les programmes d’application sont particulièrement appréciés des utilisateurs de ces systèmes. Souvent leur emploi évite aux petites entreprises de devoir former un département informatique.

01: Combien y a-t-il de systèmes 32 installés en Suisse et comment expliquez-vous son succès?

H.L.: Nous ne publions aucun chiffres sur nos ventes ou installations. Pour répondre à votre seconde question, je pense que ce produit est arrivé sur le marché au bon moment. En Suisse, la récession a encouragé les petites entreprises à opérer des rationalisations. En 1975, 60% de nos clients du système 32 ont eu recours aux programmes d’applications que nous avons développés sur cet ordinateur.

01: Est-ce que la vente du modèle 32 n’est pas rendue difficile par l’abondance de petits matériels concurrents équivalents et dont l’extension est plus souple?

H.L.: Le système 32 a été conçu surtout pour répondre aux besoins des entreprises de petite taille et sa capacité s’est révélée suffisante pour en assurer le succès. Vous savez cependant que nous avons récemment étendu la capacité de la mémoire centrale et donné la possibilité aux utilisateurs de choisir les cartes comme support d’information.

Bien que ce secteur du marché soit déjà bien fourni par des matériels concurrents, nous y avons fait une entrée très « réjouissante »!

01: Pourquoi IBM ne propose-t-elle pas de « systèmes clés en mains »? Peut-elle se permettre de négliger cette part de marché?

H.L.: Non bien sûr. Mais nous n’encourageons pas nos clients à choisir cette solution, parce que nous pensons que ce n’est pas dans leur intérêt. Nous préférons rendre nos clients autonomes et les aider à réaliser le « réseau à trois partait », direction utilisateur, département informatique et constructeur. A court terme, cette conception demande probablement un effort plus grand de la part de la direction et du département informatique. A long terme, en revanche, le client s’apercevra qu’il garde le contrôle de ce qui se fait chez lui.

Ayant suivi des cours, pris certaines initiatives et responsabilités dès le début, les membres de la direction et du département informatique seront beaucoup mieux à même de dialoguer entre eux et avec le constructeur et de trouver des solutions rentables. Cela ne signifie pas que nous soyons démunis lorsqu’un client préfère une solution « clé en mains ».

Un département de notre compagnie (System Management Services) est spécialisé dans ce genre d’affaires et coordonne aussi bien au niveau suisse qu’au niveau européen les activités de vente et de réalisations de tels projets.

01: Le bruit court qu’IBM songe à attaquer le marché OEM. Si cela est vrai, est-ce pour bientôt en Suisse?

H.L.: Vous savez que nous ne spéculons pas sur l’avenir et je ne peux donc pas répondre sur ce point.

01: Quelles sont les répercussions de la récession sur les ventes?

H.L.: Il est évident que la situation économique actuelle a une incidence sur les ventes. Cependant, il ne faut pas généraliser non plus. La situation n’est pas uniformément mauvaise en Suisse, certains secteurs sont moins touchés que d’autres. De plus, les attitudes sont très différentes devant la récession et ceci pour les raisons particulières à la Suisse. En effet, les chefs d’entreprise se trouvent dans une situation tout à fait nouvelle pour laquelle ils ne peuvent souvent pas faire appel à leur expérience. Dans ces conditions et suivant son dynamisme, l’état de ses investissements encore à amortir, sa sensibilité à la conjoncture actuelle, une entreprise fera certains choix.

Le besoin d’augmenter la productivité est cependant plus que jamais présent dans toutes les entreprises. Bien plus, les petites et moyennes entreprises réalisent que dans la situation difficile que nous vivons, elles ne peuvent plus se contenter des divers relevés mensuels et du chiffre d’affaires des méthodes manuelles. La transparence de leurs affaires, la possibilité de disposer de documents de gestion aux données actualisées en permanence sont devenues une impérieuse nécessité.

Ceci explique le succès du système 32, je vous l’ai déjà dit. La conversion d’un système plus grand a aussi été souvent pratiquée cette année, plus particulièrement dans les systèmes 3 chaque fois que l’investissement offrait des avantages immédiats et permettait un amortissement rapide. En revanche les grands projets ont été souvent étalés sur une plus grande période et les extensions qui n’étaient pas absolument indispensables ont été retardées ou momentanément suspendues.

01: Que sera, compte tenu de cette conjoncture, l’avenir d’IBM Suisse en 1976?

H.L.: Je pense que les disparités que je viens de vous exposer subsisteront. Toutefois je suis optimiste car le potentiel pour le développement de nouvelles applications n’est de loin pas épuisé. Et le point de saturation est bien loin d’être atteint.

Propos recueillis par Marielle Stamm

La semaine prochaine, « La politique commerciale et les services ».

La politique commerciale d’IBM-Suisse, avril 1976