A partir de 1965
L'histoire de la souris
Chapitre 7
Souris 4 – 1980
En 1979, le Professeur Niklaus Wirth de l’ETH passe commande de 30 souris pour son projet de stations graphiques Lilith. De retour d’un congé sabbatique chez Xerox aux États-Unis, où il avait utilisé la station Alto, il était convaincu de l’intérêt de la souris et des stations graphiques.
André Guignard invente la forme hémisphérique de la « Souris 4 » en 1979, et fabrique les souris commandées. Étant donné que Xerox voulait garder l’exclusivité de leurs souris, et qu’il n’y avait pas d’autre fabricant aux USA, le LAMI a été pendant une année le seul vendeur de souris et en a livré à l’IRIA, aux Bell Labs, à la start-up SUN Microsystems et à beaucoup d’autres. André Guignard fabrique ainsi environ 50 souris avant que Dépraz SA se lance dès 1982 dans l’industrialisation de la souris renommée Souris Dépraz ou P4. Logitech commence à vendre la souris Dépraz aux USA, mais en 1983, étant donné les problèmes de fabrication de ces souris, Logitech se lance dans un développement et une fabrication propre.
Le mécanisme de la souris hémisphérique d’André Guignard demeure « le modèle de construction de toutes les souris mécaniques », avant les souris optiques.
Ci-dessous, on peut voir le bloc mécanique transparent en plexiglas d’une des 50 premières souris hémisphériques rouges conçues et fabriquées par André Guignard. On peut apercevoir le reflet de Jean-Daniel Nicoud dans la bille métallique!
André Guignard a fabriqué le moule nécessaire pour la coque de la souris: «Les cinquante premières souris que j’ai fabriquées étaient usinées dans un bloc de plexiglas (transparent). Les capteurs optiques étaient faits avec des films photo, produits par l’atelier de circuits imprimés de l’EPFL. J’ai fabriqué les boîtiers dans un moule de coulage puis les ai usinés pour faire les deux plats sur le côté et les dégagements pour les 3 interrupteurs. La matière de coulage est de la résine époxy colorée (Araldit). Par la suite, la maison Dépraz a copié exactement le design, mais a fait fabriquer un moule d’injection pour le boîtier et le bloc intérieur. Matière: ABS».
ABS, Acrylonitrile Butadiène Styrène, ou plus simplement, la matière des LEGO! «Les capteurs étaient fabriqués par usinage chimique dans de la tôle d’acier inox».
Ci-dessous, l’intérieur de la « Souris 4 » fabriquée par Dépraz sur le modèle d’André Guignard et les plans qu’il avait dessiné à la main. Au premier plan, un capteur incrémental (roue à rainures) devant lequel se trouvent deux diodes électroluminescentes infrarouges. Les souris de Dépraz ont accompagné les différentes générations de SMAKY.
L’histoire de la souris continue avec René Sommer, qui intègre en 1982 un microcontrôleur dans la souris hémisphérique. Jusqu’alors l’interface des souris est parallèle, utilisant 9 fils (4 pour les encodeurs incrémentaux X et Y, 3 pour les boutons et 2 pour l’alimentation). La souris devient « intelligente ».
René Sommer encode ces signaux dans la souris en utilisant le plus petit microcontrôleur du marché, un Motorola MC68705 dans un boîtier DIL à 28 broches. Il crée un système de développement et conçoit ainsi la première souris à microprocesseur. Son interface série RS232 représentait un avantage considérable.
René Sommer développe ses activités pour Logitech comme indépendant, mais Daniel Borel, PDG de Logitech, finit par le convaincre de se laisser engager comme « Consulting Director ». René Sommer optimise le logiciel de ses souris d’une manière incroyable, contribuant au succès de Logitech.
En 1992, dans un magasin d’ordinateurs aux USA, René Sommer a acheté une souris fabriquée à Taïwan, qui était manifestement une copie de la Souris 4 développée 13 ans plus tôt. Il n’y a pas eu beaucoup de produits informatiques copiés après un si long délai!
La souris, l’interface homme-machine par excellence!
André Guignard nous plonge dans les entrailles de la souris mécanique et nous explique les secrets de sa fabrication. Le concepteur de la souris hémisphérique nous présente le périphérique qui a accompagné les différentes générations du SMAKY.
Captation/Montage vidéo: Jean-Marc Koller
© Musée Bolo