Raymond Morel, président du Groupe de coordination informatique: «L'informatique à l'école doit être généralisée»

20 novembre 1978

Raymond Morel, président du Groupe de coordination informatique: «L'informatique à l'école doit être généralisée»

01 Informatique No. 515

Au collège Calvin, de Genève, 350 adolescents s’initient cette année à l’informatique. Mais leur cours est une matière à option et leur expérience reste, avec quelques autres en Suisse, isolée. C’est dire tout l’intérêt du rapport sur l’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire qui vient d’être présenté à Interlaken au cours d’un séminaire organisé par le Centre suisse pour le perfectionnement des professeurs. « Nous espérons que nos expériences pilotes pourront sans trop tarder être étendues à l’ensemble de la Suisse », explique Raymond Morel, président du Groupe de coordination informatique* qui a rédigé ce rapport…

« Nous préconisons une initiation à l’informatique de 24 heures, obligatoire pour tous les types de maturité, soit dès la dixième année de scolarité. L’élève pourrait en outre poursuivre l’étude de l’informatique dans des cours facultatifs ou à option, comptant pour l’obtention de la maturité. Une première expérimentation de ce nouveau régime est faite dès maintenant dans quelques établissements du niveau du gymnase. »

Une discipline fondamentale

Quand on sait que les branches scientifiques comprennent obligatoirement 1’000 à 1’200 heures de cours pendant les trois années précédant la maturité, les 24 heures d’informatique paraissent bien insuffisantes. Le président du Groupe de coordination en est bien conscient: « C’est une solution de compromis destinée à faire admettre le principe même de l’introduction de l’informatique à l’école et à poursuivre les expériences en cours. » Car, derrière la modestie de ce programme, se cachent des objectifs qui risquent fort d’étonner la majorité des professeurs encore peu sensibilisés au phénomène informatique.

Adoptant le point de vue de nombreux penseurs à l’étranger, « le Groupe de coordination se refuse à considérer l’informatique comme une nouvelle discipline à enseigner pour elle-même. Il estime au contraire qu’elle est une discipline fondamentale dont les méthodes s’appliquent à toutes les activités humaines ».

Une telle optique, prônant l’interdisciplinarité de l’outil et de la méthodologie informatiques, ne peut que bouleverser les habitudes et schémas de pensée de l’ensemble du corps enseignant.

Aussi une des activités principales du groupe de coordination est-elle l’échange d’informations et la formation des professeurs. « Nous animons, plusieurs fois par an, dans le cadre du Centre de perfectionnement de Lucerne, différents cours de recyclage tel celui sur la méthodologie d’introduction des 24 heures, ou celui pour les méthodologues ou formateurs eux-mêmes. Les rencontres d’Interlaken – celles de 1978 sont les troisièmes – favorisent l’échange d’informations et d’expériences. »

Unifier le matériel didactique

Une soixantaine de professeurs ont assisté à des présentations des plus variées allant d’un programme de scansion des vers latins à la simulation d’un flot de neutrons en passant par un jeu d’entreprise ou la génération de textes en français syntaxiquement corrects. Le tout illustré par des démonstrations en ligne.

Enfin, la revue « lnterface », en recensant les packages existants, établit le lien entre les établissements et crée un courant d’échanges.

« Indépendamment du manque de formation de leurs professeurs, les écoles se heurtent à une autre difficulté, celle de l’hétérogénéité des matériels. Un pays centralisé comme la France a pu imposer un matériel unique, des mini-ordinateurs Mitra ou Télémécanique sur lesquels a été développé un langage spécifique, LSE. Mais dans un pays fédéral comme le nôtre, la liberté de choix dans les cantons et les écoles est un principe fondamental », ajoute Raymond Morel. C’est pourquoi le Groupe de coordination s’attache plutôt à promouvoir une unification du contenu de l’enseignement de la doctrine et du matériel didactique.

« Certains pays étrangers sont plus avancés que nous, comme la Grande-Bretagne et la France où l’on recense déjà soixante lycées équipés de matériels informatiques. En Allemagne fédérale, une commission ad hoc a déposé, en 1976, un rapport très élaboré dont les conclusions sont très voisine des nôtres ». C’est pourquoi, pense l’animateur du Groupe de coordination, il est grand temps que les autorités fédérales et cantonales compétentes en matière d’instruction publique prennent les mesures nécessaires pour élargir le programme prévu dans le rapport à l’ensemble du pays. Sinon les expériences en cours dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Vaud, Bâle, Zurich et au Tessin, resteront isolées et le privilège de quelques adolescents, au détriment du développement de la société helvétique de demain.

Marielle Stamm

* Et responsable de Centre de calcul du collège Calvin, à Genève.


Réflexion scientifique et humaniste à l'horizon 2000 aux journées d'électronique de l'EPFL

30 octobre 1978

Réflexion scientifique et humaniste à l'horizon 2000 aux journées d'électronique de l'EPFL

01 Informatique No. 512

Souffler sur 125 bougies nécessite de retenir puissamment sa respiration. A l’occasion de son 125e anniversaire, l’École polytechnique fédérale a profité de ce temps de pause pour une réflexion approfondie et élargie, voire humaniste. L’électronique, l’homme et la société, tel était le thème, cette année, de ses traditionnelles journées d’électronique (1). Devant un public attentif de 250 personnes, principalement des ingénieurs, les professeurs de l’EPFL ont brossé un bilan à nos jours, puis se sont essayés à une prospective du développement de l’électronique et des disciplines qui en sont issues – informatique, télécommunications et automatique – à l’horizon 2000.

Marquée par une innovation continue, depuis trente ans, l’électronique a effectué des progrès que les futurologues des années 50 avaient totalement sous-estimés. En 1970, les deux fondateurs d’Intel, Noyce et Moore, ont émis une loi qui s’est fidèlement vérifiée à nos jours, celle du doublement, tous les deux ans, de la complexité des circuits intégrés (exprimée en nombre d’éléments actifs par puce de silicium).

La miniaturisation en électronique: limites et avantages

Les circuits les plus complets, les VLSI (Very Large Scale Integration) contiennent jusqu’à 64’000 éléments et l’on prévoit pour l’an 2000 des circuits dotés de 107 composants actifs. Pourtant, selon le professeur Ilegems, de l’Institut interdépartemental de microélectronique, la miniaturisation se stabilisera à ce stade.

Elle se heurtera alors à des limites d’ordre physique (par exemple à des problèmes d’évacuation de chaleur que provoque une telle densité), technologiques (la multiplication des transferts crée, entre autres, des problèmes de connexion), et aussi économiques (les moyens de production sont de plus en plus coûteux).

L’informatique de demain

La miniaturisation engendre une baisse de prix de 20 à 30% par an, ce qui permettra à courte échéance une utilisation pléthorique de circuits. Elle améliore également la puissance et diminue les temps de réponse.

Les conséquences de cette intégration seront particulièrement frappantes en informatique, fille de l’électronique. Ainsi que l’a expliqué le professeur Jean-Daniel Nicoud, du Laboratoire de calculatrices digitales, un circuit imprimé de petite dimension portera, à l’aube du vingt et unième siècle, les quelques circuits correspondant à un processeur très puissant, un supplément de mémoire, une mémoire à bulle magnétique, un contrôleur de mémoire à disque magnétique ou optique, et des interfaces écran, modem, etc. En bref l’équivalent de ce que comprend l’ordinateur CDC de L’EPFL dans ses nombreuses armoires. Quant aux vitesses de calculs exprimées en M ips (millions d’instructions par seconde) ou en mégaflops (millions d’opérations en virgules flottantes par seconde), elles atteindront 104 M ips et 103 M flops, soit 1000 fois plus qu’actuellement.

Après avoir constaté que faire de la futurologie en informatique est un moyen sûr pour se ridiculiser à long terme, le professeur Nicoud poursuit néanmoins son investigation de l’avenir, en prédisant un développement foudroyant de l’ordinateur personnel, « produit courant » de l’an 2000. Il se présentera comme un livre plus ou moins volumineux selon ses performances. La firme Xerox travaille sur ce projet depuis plusieurs années et l’appelle Dynabook. Doté d’un ensemble de programmes et de langages faciles à utiliser, il sera la pièce maîtresse d’un réseau comprenant également d’autres produits d’utilisation courante, agenda et montres, eux-mêmes doté de micro-ordinateurs. Le tout relié à un ordinateur domestique, à l’ordinateur de l’entreprise et à des banques de données, par l’intermédiaire du réseau de télévision.

De cette projection dans le futur, une constatation s’impose. La symbiose de plus en plus grande entre les disciplines. Électronique et informatique, tout d’abord. L’intégration sur un seul circuit de toutes les fonctions nécessaires à un système rend de plus en plus ténue la différence entre concepteurs de systèmes électroniques et de systèmes informatiques. Association étroite également entre l’informatique et les télécommunications, avec le développement de réseaux d’ordinateurs de plus en plus complexes, dans une technique baptisée aujourd’hui télématique.

La barrière du logiciel

Pourtant, malgré les progrès fantastiques des possibilités techniques, le développement de ces trois disciplines butera toujours sur les problèmes de logiciel. « En l’an 2000 et déjà bien avant, énonce le professeur Nicoud, le coût du logiciel sera le seul facteur limitatif… Prévoir des architectures associatives s’inspirant de la structure du cerveau humain révolutionnerait réellement l’informatique et permettrait de résoudre les problèmes de fiabilité et de dégradation des systèmes informatiques. Toutefois, avant d’atteindre le stade de cette informatique intelligente, nous devons nous contenter de palliatifs en constante évolution, c’est-à-dire d’architectures multiples et complexes et de logiciels difficiles à maîtriser ».

La complexité des systèmes nécessitera des concepteurs de niveau très élevé, et la multiplication des besoins, un personnel de plus en plus nombreux. Aussi la productivité en matière de logiciel ne s’améliorera-t-elle guère. Pourrait-il en être autrement si, comme l’anticipe ce même professeur, près du tiers de la population active gagnera sa vie au vingt et unième siècle en écrivant des programmes?

Une société bouleversée

Et c’est au cœur de ce problème que les prévisions scientifiques rejoignent la pensée humaniste. Les effets de l’électronique sur l’homme et la société (mais ce qui est positif pour cette dernière peut être néfaste pour l’homme) sont innombrables. Les professeurs de l’EPFL en ont évoqué plusieurs. Parmi les favorables, citons les progrès réalisés en médecine grâce à l’électronique médicale et plus particulièrement grâce à la tomographie informatisée qui permet de reconstruire, grâce à l’ordinateur, l’image en coupe d’une partie du corps. Citons aussi, bien que plus controversés, les « bienfaits » de la télévision, outil compensateur de l’isolement social et dispensateur de services futurs comme l’accès sélectif aux informations des banques de données. Toutefois, les aspects négatifs ne doivent pas être minimisés. C’est ainsi que le professeur Neirynck, titulaire de la chaire de théorie des circuits et des systèmes, a dénoncé l’intrusion insupportable de certains fichiers centralisés dans la sphère privée des individus.

Le grand point d’interrogation reste, bien entendu, la menace du chômage qui frappera inexorablement le secteur des services dans les décennies à venir. Mais, à plus longue échéance, des reconversions s’effectueront. Le pronostic du professeur Nicoud, prévoyant que, dans moins d’une génération, une personne sur trois sera destinée à rédiger du logiciel pendant toute sa vie active, est sans aucun doute annonciateur d’un profond bouleversement dans notre société.

Marielle Stamm

(1) Les journées d’électronique 1979 auront pour thème l’utilisation des microprocesseurs.


Reid Anderson, chairman d'Information Terminals corporation: «Le pari sur les supports magnétiques souples»

29 mai 1978

Reid Anderson, chairman d'Information Terminals corporation: «Le pari sur les supports magnétiques souples»

01 Informatique No. 490

« Les supports magnétiques connaîtront un succès accru dans les trente années à venir. » Ainsi prophétisa Reid Anderson, fondateur et chairman d’Information Terminals, au cours d’un entretien accordé à « 01 Informatique », dans son centre européen de Genève, à l’occasion d’un bref voyage en Europe.

Reid Anderson fut cofondateur de la société Anderson Jacobson, avant de créer sa propre entreprise, Information Terminals (ITC), en 1968. Déviant de son idée première de construire des terminaux (d’où la dénomination de sa société), il fut le premier à parier sur la cassette magnétique numérique destinée aux applications informatiques. Après un lent démarrage, celle-ci a connu le succès que l’on sait et ITC en détient aujourd’hui 50% du marché mondial.

La production s’est élargie à d’autres supports magnétiques souples tels que les cartes magnétiques, les cartouches, et surtout les disquettes et mini-disquettes. Ces dernières constituent à l’heure actuelle 50% de la production totale de ITC. « On ne connaît pas aujourd’hui de support combinant tous les avantages que présente la disquette, énonce Reid Anderson. Elle est à la fois facile à manipuler et amovible, elle conserve l’information presque indéfiniment. Elle est surtout peu coûteuse. Avec le développement sans précédent des mini-ordinateurs et l’explosion du traitement de textes et de l’ordinateur individuel, la disquette a encore dix belles années devant elle », ajoute-t-il.

Une production intégrée verticalement

C’est sur cette assurance qu’a tablé ITC en devenant le premier fabricant indépendant de supports magnétiques souples et en créant à Sunnyvale, en Californie, une usine qui emploie 800 personnes.

A la différence d’autres fabricants qui se bornent à assembler et monter les mémoires magnétiques à partir de films et de pièces plastiques achetées en gros, ITC a adopté une politique de production intégrée verticalement. Les bandes, le montage des pièces de plastique et même les machines et instruments de tests sont fabriqués et développés à Sunnyvale. Sous la marque Verbatim, lancée en 1977 (Verbatim veut dire, en latin, mot à mot), ITC propose des produits brevetés et uniques dont les caractéristiques essentielles sont des propriétés magnétiques à haute résolution assurant la longévité du support. L’enroulage et le montage des cassettes s’effectue dans une des plus vastes chambres blanches qui soit puisqu’elle abrite quelque 500 employés. Le contrôle de qualité est assuré par le test en laboratoire d’échantillons de chaque produit.

Reid Anderson, fondateur et chairman d'Information Terminal (Verbatim).
Reid Anderson, fondateur et chairman d’Information Terminal (Verbatim).

Trois créneaux de vente

Si la marque Verbatim est encore peu connue, cela tient d’une part à son lancement récent mais aussi à la politique commerciale d’ITC. Sa production s’écoule en effet par trois créneaux différents dans des proportions à peu près équivalentes.

En premier lieu, des distributeurs exclusifs, un seul par pays, vendent les supports sous la marque Verbatim. Ainsi, en Suisse, le distributeur est l’entreprise genevoise « Tout pour l’informatique », en France et en RFA, BFI Électronique.

La deuxième source est constituée par les fabricants d’ordinateurs acheteurs OEM qui revendent les supports avec leurs équipements sous leur propre marque. ITC détient ainsi plusieurs centaines de « private labels » parmi lesquels les constructeurs les plus prestigieux, dont les emballages n’occupent pas moins de trois à quatre entrepôts à Sunnyvale.

La dernière source enfin est celle des distributeurs non exclusifs qui vendent le support sous leur propre marque, n’hésitant pas à affirmer parfois qu’il est de leur propre fabrication.

Pour compléter le réseau commercial aux États-Unis ou ITC travaille avec près de 200 distributeurs, Reid Anderson a fondé en janvier 1975 un centre européen à Genève, qui coordonne la vente à une quarantaine de distributeurs supplémentaires. Bien qu’un tiers des ventes soit aujourd’hui réalisé en Europe, le chairman d’ITC n’envisage pas encore d’y construire une unité de production, mais il n’en écarte pas l’éventualité future. Pour l’heure l’essentiel des bénéfices est investi dans la recherche, car il faut améliorer les supports actuels et prévoir les produits de demain.

Si ITC ne peut revendiquer la paternité de la disquette, dont l’invention revient à IBM, la firme de Sunnyvale a néanmoins été à l’origine de la mini-cassette qu’elle a introduite il y a trois ans à la NCC (1).

Quant à la nouvelle cartouche, elle est passée de 2,25 millions d’octets à 11,5 millions d’octets soit l’équivalent de 140’000 cartes perforées.

Gagner la bataille des prix

Parallèlement à l’augmentation de capacité des mémoires magnétiques, ITC envisage d’en baisser le prix de manière substantielle. Elle sera favorisée, dans cette action, par sa politique de production intégrée. Ses concurrents, en effet, ne sont autres que des producteurs de matériels informatiques, IBM en tête bien entendu, mais aussi 3 M, Memorex, Hitachi-Maxell, Xerox, Basf en Europe et bien d’autres encore. Pour tous ceux-ci, la production de supports magnétiques est un complément au reste de leur fabrication. Plus le prix de mémoires souples baisse, plus leur marge de bénéfices s’amenuise. En concentrant ses efforts dans sa seule spécialisation, le support magnétique souple, dont elle produit (tous produits) plus d’un million par mois, ITC devrait pouvoir gagner la bataille des prix. Si l’étude de James Porter, qui prévoit une progression du marché mondial de la disquette au rythme de 41% par an, s’avère exacte, Reid Anderson aura alors réussi son pari.

Marielle Stamm

(1) La disquette elle-même est passée du simple-face (250’000 octets) au double face (500’000 octets) puis au double densité (1 méga-octet). En augmentant le nombre des pistes, on obtiendra dès cette année une capacité de 2 méga-octet. Et l’on prévoit même d’atteindre 5 méga-octet, qui est la limite théorique du support.


IMMM à Genève pour la 2e fois - Majorité d'acheteurs OEM parmi les 5'200 visiteurs

10 juillet 1978

IMMM à Genève pour la 2e fois - Majorité d'acheteurs OEM parmi les 5'200 visiteurs

01 Informatique No. 496

Genève transformée en plaque tournante de la micro-informatique européenne, pour trois jours? Tel était en tout cas le vœu des organisateurs d’IMMM, Kiver Communications, qui ont attiré, à cette deuxième exposition, 5’255 visiteurs. Malgré une surface accrue de 1’420m2 et un nombre plus important de stands qu’en 1977 (96 au total), le nombre des visiteurs n’a pas augmenté de manière spectaculaire (4’676 l’an dernier).

IMMM à Genève en 1978
IMMM à Genève en 1978

La concurrence de Computer 78 qui avait lieu deux semaines avant en est-elle la cause? Vraisemblablement pas, car le profil des visiteurs (on dénombrait d’ailleurs beaucoup d’étrangers venus de 31 pays) différait sensiblement selon l’exposition. A l’utilisateur final, prospect type de Computer 78, s’est substitué l’acheteur OEM industriel ou société d’engineering et de service, client d’IMMM. Pour le premier, à Beaulieu, des stands décorés et attractifs, pour le second, au Palais des expositions, des boxes anonymes tapissés de jute triste pour loger une multitude de matériels plus ou moins nouveaux dont la visite exhaustive méritait certes plus de trois jours.

Des petits systèmes de gestion « égarés »

Certains pourtant s’y sont trompés et avaient reconduit leur stand de Computer 78, tel Data General montrant le nouveau CS 20 et le CS 40, ou Sen Electronique exposant le BCS 80, petit système de gestion basé sur le mini-ordinateur Helvet 1 (copie « presque » conforme du Nova 3). D’autres avaient même préféré IMMM, tel Computer AG qui exposait le Daisy Systems 2500, ou Intertest qui présentait l’Informer 2000, un petit système monoposte de sa composition avec clavier, écran et disquette pour lequel a été développé tout un ensemble de logiciels d’application destinés au marché suisse.

Foisonnement des micros

Les visiteurs type d’IMMM, OEM en majorité, nous l’avons vu, s’intéressaient beaucoup plus aux micros pouvant servir de base à leur propre système.

Dans ce domaine, Data General, avec le MBC/1 annoncé et présenté pendant l’exposition, pénètre le marché des ordinateurs 16 bits sur une carte. Plessey proposait Micro 1, système basé sur le LSI-11, dont le répertoire de plus de 400 instructions est celui du PDP 11/35. Déjà vu, l’an dernier au premier IMMM, le micro-système Panel 802, de la société suisse Panel à Préverenges, fonctionne sur standard mubus et se présente aujourd’hui avec une dizaine de cartes dont deux unités centrales différentes, 6800 et 8080.

L’informatique individuelle

Pas de grand public encore en Suisse pour l’informatique individuelle, mais un élargissement du marché des amateurs avec l’expansion des microclubs et des computer boutiques. C’est à eux que s’adresse le Pet de Commodore commercialisé depuis peu par la société Elbatex de Wettingen qui le vend au prix attractif de 2’900 CHF. Comme le Pet dont l’apparence soignée diffère peu d’un calculateur de table, l’Apple Il (premier prix 3’565 CHF) s’adresse surtout à l’amateur désireux de développer sa propre application, fût-elle de gestion domestique. Ainsi Sodipec, qui le commercialise, démontrait un programme destiné à gérer la comptabilité d’un carnet de chèques. Tout autre est la vocation du Dauphin qui s’adresse plutôt à l’amateur de hardware, voulant se familiariser à la manipulation de microprocesseurs. Dauphin, qui poursuit chez Stoppani une carrière commerciale très satisfaisante, est aujourd’hui doté d’un « Tiny Basic » qui occupe 2K en mémoire.

Développé comme le Dauphin par le laboratoire de calculatrices Digitales du professeur Nicoud à l’EPFL, Smaky 6, appelé aussi Faucon, est un système micro-ordinateur basé sur Z 80 avec écran alphanumérique ou graphique, clavier, mémoires et interfaces variées. Il peut être aussi bien utilisé comme système individuel, que comme terminal intelligent ou aussi comme système de développement de programme pour Z 80. Encore au stade du prototype, Faucon est aujourd’hui à la recherche d’un « promoteur » qui le produira en série et en assurera la commercialisation.

Des systèmes de développement universels

Conçus pour faciliter l’élaboration des programmes et l’intégration des matériels et des logiciels à l’aide de tests effectués à différents stades de la réalisation, les « systèmes de développement » à base de microprocesseurs sont devenus une nécessité. La plupart d’entre eux cependant se limitent à un seul microprocesseur. D’où l’intérêt des systèmes de développement dits « universels » parce qu’ils s’adaptent à plusieurs microprocesseurs.

Dans la même allée de l’exposition, et face à face, étaient exposés les Microprocessor Labs 8001 et 8002 de Tektronix et le Futuredata que distribue en Suisse Intertest, tous deux systèmes universels.

Le département instrumentation de Tektronix vient de libérer, en Suisse, les deux versions du Microprocessor Labs 8001 et 8002 s’adaptant au choix aux 8080, 6800, Z 80, 9900 et 8085. Le système 8001 est conçu pour être connecté à un ordinateur, le système 8002 doté d’unités de disquettes fonctionne en stand alone.

Le Futuredata qui s’adapte aussi aux 8080, 8085, 6800 et Z 80, est proposé avec une mémoire centrale extensible jusqu’à 48 Kb et des mémoires de masse diverses, cassettes ou disquettes. De plus, le système double permet le travail de deux ingénieurs de conception sur deux postes reliés à un seul microsystème. Et cela sur les logiciels des quatre microprocesseurs cités en même temps.

A l’issue de la visite d’IMMM, une constatation s’impose: plus encore peut-être que dans le domaine des grands ordinateurs, celui des minis et des micros est dominé par les produits d’origine outre-Antlantique, dont les plus connus sont aujourd’hui représentés en Suisse comme chez nos plus grands voisins. Des outsiders toutefois s’intéressent aussi à notre pays. Ainsi le constructeur israélien Elbit qui a récemment chargé Datatech à Zurich de commercialiser ses produits. Il propose aujourd’hui les terminaux DS 1920 et DS 377 (compatibles IBM 3277). Mais le petit système de gestion Pact, dont la production suit difficilement la demande, ne sera annoncé en Suisse qu’au début 1979.

Quant aux quelques produits suisses, ils commencent à se faire connaître et apprécier, tels le Helvet de Sen, le Dauphin, chez Stoppani, le micro de Panel ou encore les imprimantes Print Swiss de Wenger. Mais si la qualité supporte sans problèmes la comparaison avec les matériels étrangers, les problèmes de production ou de commercialisation devront encore, pour la plupart d’entre eux, être résolus.

Marielle Stamm


Sord Computer M 200 - Premier calculateur de table japonais en Europe

16 janvier 1978

Sord Computer M 200 - Premier calculateur de table japonais en Europe

01 Informatique No. 471

L’introduction discrète, en Suisse, du premier calculateur de table japonais lancé en Europe, le Sord Computer M 200, pourrait bien être un des signes avant-coureurs de l’invasion des entreprises japonaises sur les marchés occidentaux, invasion que nous promettent, d’ores et déjà, spécialistes et futurologues de l’informatique. Manufacturé à Tokyo par l’entreprise Sord, le M 200 sera commercialisé dès la fin de ce mois par l’entreprise Comptronix d’Horgen qui en a acquis les droits de représentation en Allemagne, en Autriche et en Suisse.

Programmable en Basic, le système est basé sur un microprocesseur Zilog 80 et comprend un écran normal de 24 lignes doté de caractères alphanumériques et de fonctions graphiques, une unité de disquette et une mini-imprimante incorporées (voir caractéristiques techniques détaillées dans la description « Nouveaux produits ») Le Sord 200 a trouvé un débouché intéressant aux États-Unis et au Japon, dans le « personal computing ». Toutefois, vu son prix, 14’820 CHF, le succès auprès des micro-amateurs européens paraît fort peu probable. Par contre, ses possibilités graphiques et sa mini imprimante incorporée pourraient être des atouts intéressants dans des applications spécifiques et variées.

Sord
Sord

Bureaux d’ingénieurs et de génie civil ou manager en mal de tableau de bord pour son entreprise pourront en apprécier le rapport prix/performance.

Le Sord M 200 sera présenté en Suisse à la fin de ce mois et fera son entrée européenne officielle à la Foire de Hanovre.

Nouveaux produits – Sord Computer M 200

Le Sord M 200 est basé sur un microprocesseur Zilog 80, complété d’une mémoire centrale de 32K extensible jusqu’à 48K. Il comprend une unité de disquette incorporée d’une capacité de 71 K octets. Deux unités supplémentaires sont disponibles en option.

L’écran de 24 lignes de 80 caractères peut afficher des caractères alphanumériques mais aussi des représentations graphiques grâce aux fonctions graphiques incorporées.

Une des originalités du système est l’imprimante journal de 40 colonnes (également incorporée) qui sert à l’impression des résultats et les listings des programmes. Cette caractéristique n’existe en général pas su les systèmes similaires.

Une interface RS – 232 C est destinée soit à la connexion de périphériques (par exemple une imprimante à ligne) soit à la liaison par modem à un ordinateur central. Le Sord M 200 devient alors terminal intelligent. Il est prévu également une interface audio du type Kansas City pour cassettes magnétiques.

Le langage utilisé est le Basic. La programmation se fait soit par clés de fonctions, en Basic, soit par le clavier, en Basic ou en langage assembleur.

L’interpréteur Basic et le système d’exploitation occupent 20K de la mémoire centrale.

Service lecteurs référence 50


Bobst Graphic aux USA - Scrib Primé à la Wescon

16 octobre 1978

Bobst Graphic aux USA - Scrib Primé à la Wescon

01 Informatique No. 510

Par le rachat de la société américaine Varysystems, fabricant et distributeur de produits de photocomposition et de traitement de texte, Bobst Graphic affirme sa volonté de lutter contre la concurrence intense des sociétés américaines. Déjà favorisées par la chute du dollar (environ 25% par rapport au franc suisse depuis novembre 1977), ces dernières ont, par ailleurs, diminué leur prix de 15%.

Pour faire face à cet écart de l’ordre de 40%, l’entreprise lausannoise va transférer une partie de sa production aux États-Unis. Sa filiale américaine Bobst Graphic Inc. continuera à commercialiser la gamme de produits de Varysystems, et à prendre en charge la partie électronique des matériels de la société mère dont la partie mécanique continuera à être produite à Mex. Le département recherche restera également au siège de Bobst Graphic.

Offensive tout azimut

A Plainview, dans le Long Island où était implantée Varysystems (7,3 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel et 150 employés) désormais Bobst Graphic Inc., une nouvelle usine est en construction. Une partie des équipements assemblés aux États-Unis, sera réimportée en Europe, où Bobst Graphic vend aujourd’hui la totalité de sa production. Mais, bien entendu, par le biais de sa nouvelle filiale, elle entend attaquer également le marché outre-Atlantique.

Elle vient d’ailleurs d’y remporter un beau succès de prestige. Scrib, appareil portable pour la rédaction et la transmission de texte par téléphone, a remporté le premier prix, dans la catégorie équipements de bureau, au concours ayant pour thème les applications les plus intelligentes des microprocesseurs, organisé à Los Angeles dans le cadre de la Wescon (Western Electronic Show and Conference). Scrib, dont la fabrication en série a débuté récemment, est commercialisé au prix de 17’000 CHF. Une application pilote est en cours d’expérimentation au centre presse de Poitiers (groupe Hersant).

Marielle Stamm


«Spécial bureautique» - Avec Typerite, CA se lance dans le traitement de textes

20 mars 1978

"Spécial bureautique" - Avec Typerite, CA se lance dans le traitement de textes

01 Informatique No. 480

Le Vidéocomputer Jacquard, dont Computer Associates (CA) assume depuis quelques mois la représentation dans la majorité des pays européens est à la fois un mini-ordinateur adapté aux traitements des problèmes de gestion mais aussi au traitement de textes. Grâce à sa vocation multitâche et multi-utilisateur, le Jacquard Typerite adopte les nouveaux principes de l’organisation de bureau décentralisée.

La commercialisation de matériels répond à un souci de diversification des activités de la firme, orientée jusque là essentiellement vers la production et la vente de logiciel. La représentation des produits de la société Jacquard Systems constitue ainsi le « troisième pilier » des prestations de CA aux côtés de la production et la vente de progiciels (tels Ca-Sort ou les packages VM, Virtual Memory) et de la fourniture de services.

Un système orienté gestion…

Dans sa version de base et employé comme mini-ordinateur indépendant, le J 100 est constitué d’une unité centrale utilisant la technologie microprocesseur avec une mémoire de 32 Ko extensible jusqu’à 128 Ko, d’un clavier amovible, d’un écran de dimension standard (1’920 caractères) et de 2 unités intégrées de disques souples (plus 2 unités externes en option). Les possibilités d’extension sont importantes, puisqu’on peut connecter au système jusqu’à 63 unités, écrans, imprimantes, terminaux, coupleurs de périphériques et unités de disques et de bandes. Dans une version décentralisée, le J 100 peut desservir jusqu’à 29 postes à distance. Le système de gestion de la mémoire commande jusqu’à 16 partitions. Un système de priorité programmée utilise une horloge en temps réel pour l’attribution de créneaux temporels.

Le langage utilisé par le Jacquard est un « extended basic » qui fournit des programmes ré-entrants dont une seule copie en mémoire peut être exécutée par plusieurs utilisateurs. Ceci explique que le système est particulièrement adapté au traitement des travaux de gestion dans un environnement conversationnel multi-utilisateur.

Computer Associates a développé, avec la collaboration de la société Business Research Ltd, des programmes de gestion modulaires qui couvrent le traitement des commandes, la gestion des stocks, les achats, la comptabilité débiteurs et créditeurs, la comptabilité et le budget, et le grand livre.

En outre un programme complémentaire pour le traitement de textes, Typerite, peut être utilisé simultanément avec des travaux de gestion.

… et traitement de textes

Mais le système Jacquard peut aussi être sélectionné uniquement pour ses fonctions de traitement de textes. Typerite fonctionne dans le cadre du système d’exploitation System II dont les nombreux programmes utilitaires permettent à l’utilisateur, de visualiser et d’imprimer les fichiers mémorisés sur les disques souples, de créer des copies des documents enregistrés, de copier un fichier d’un disque sur l’autre, de faire des suppressions et mises à jour etc.

Systèmes Typerite-Jacquard 50 et 100
Systèmes Typerite-Jacquard 50 et 100

Pour les corrections et la mise en page, l’opérateur peut commander à volonté le déroulement du texte dans un sens ou dans l’autre, ligne par ligne, page par page ou en continu. Le système est capable d’effectuer des recherches et des substitutions globales, des tabulations décimales automatiques, la fusion des fichiers, la justification à droite et de nombreuses options sélectives.

Comme en gestion, Typerite pourra être installé soit en système indépendant avec le modèle 100 ou le modèle 50, soit en système multi-poste, avec des unités de disques etc. De nombreux opérateurs pourront alors travailler simultanément, utilisant par exemple le même texte de base et introduisant le texte de personnalisation pour l’impression de la copie finale. Dans cette dernière option, encore peu répandue, Typerite préfigure, selon Jim Bodmer, directeur de la nouvelle division « Computer Products » de Computer Associates, toute l’organisation décentralisée des bureaux de demain.

L’option traitement de textes du système Jacquard est indéniablement un atout supplémentaire au système. Sur les 400 systèmes installés dans le monde, on en dénombre déjà 80 en Europe. La cible de CA est d’atteindre les 250 systèmes à la fin de la prochaine année fiscale. De ce total, 30% devraient revenir au seul traitement de textes.

Computer Associates assure la commercialisation de Jacquard par le biais de représentants en Autriche, Belgique, France, Luxembourg, RFA et Suisse. En Suisse romande, les intermédiaires sont la société HMS à Genève et en Suisse alémanique, Data Center à Lucerne.

En France, CA ouvrira prochainement un bureau à Paris. Des négociations sont en cours pour la représentation de Jacquard dans le Royaume-Uni.

Marielle Stamm


Traitement de textes sur grand écran avec Vydec

2 janvier 1978

Traitement de textes sur grand écran avec Vydec

01 Informatique No. 469

Fondée en 1973 par trois ingénieurs transfuges de Hewlett Packard, et filiale de la géante Exxon, Vydec est spécialisée depuis son origine dans le traitement de textes. Satisfaite de ses succès aux États-Unis (3 500 machines installées), Vydec débarque en Europe au début de l’année 1977 et installe son quartier général à Genève. La filiale suisse bénéficie à sa création de la collaboration avec la société Graphax (participation 50/50) d’où le nom de Vydec Graphax. En quelques mois, elle a effectué déjà une percée intéressante puisque 40 machines sont déjà installées en Suisse, dont 20 en Suisse romande.

L’intérêt principal du système Vydec réside dans son écran de format A4, ce qui permet à l’opératrice de visualiser une page entière de texte et donc de composer une lettre ou une circulaire complète, soit 4093 signes sur 64 lignes de 96 ou 160 caractères directement sur l’écran. La construction par caractères et non par lignes donne des éléments plus stables donc moins fatigants. Enfin le curseur triangulaire se déplace sur l’écran pour aller localiser une erreur et la corriger. (Dans d’autres machines, la correction ne se fait que sur une certaine ligne, où le texte doit être guidé).

La mémorisation des textes se fait sur disquette, une ou deux unités selon qu’il s’agit du modèle 1200 ou 1400. L’imprimante à marguerite a une vitesse d’écriture de 45 caractères à la seconde.

Plusieurs options sont disponibles: perforateur de bande télex, communication asynchrone de Vydec à Vydec par modem, dispositif d’autoprint soit l’impression de lettres en continu. Pour 1978, on prévoit d’autres possibilités, comme la communication avec ordinateur via modem, un lecteur de texte OCR, et une interface pour photocomposeuse. La rançon de la sophistication du système Vydec est son prix de vente qui est de 62’500 CHF pour le modèle 1400 sans option. A ce prix il dépasse les systèmes concurrents, comme la Tes d’Olivetti (prix de base 30’000 CHF) ou le Siemens 580 (58’000 CHF). Pour pallier cet inconvénient, le système peut être loué ou confié à l’essai pendant un à trois mois.


Pourquoi un «spécial» traitement de texte?

Pourquoi un "spécial" traitement de texte?

C’est un supplément uniquement réservé au traitement de texte que nous vous présentons aujourd’hui. Deux raisons nous ont poussés à réserver ces quelques pages à ce thème unique.

La place de choix qu’occupe la Suisse dans ce nouveau marché en est la première raison. Déjà grande utilisatrice de systèmes, elle est également grande consommatrice de systèmes de traitement de texte. Les hauts salaires, la pénurie de personnel qualifié, l’orientation très administrative des industries de services sont autant de facteurs favorisant une expansion rapide du traitement de texte dans notre pays. A la suite de l’Allemagne, leader en la matière en Europe avec 40% du marché, la Suisse devient un des pays les plus avancés, aux côtés de la Suède et de la Hollande, sur notre continent. Selon la dernière étude sur le traitement de texte en Europe, dont les prévisions remontent malheureusement déjà à 1977, le marché total de la Suisse s’élèverait à 7 millions de dollars en 1979 pour atteindre 15,5 millions de dollars en 1985 (voir tableau en page 2).

Les fournisseurs de matériel ne s’y sont pas trompés. De quelques-uns seulement il y a deux ou trois ans, ils sont passés à plus de 25 en 1978 (voir tableau en page 2).

La deuxième raison tient à l’interdépendance de plus en plus grande entre l’informatique et le traitement de texte. Il est assez significatif de constater qu’à deux ou trois exceptions près, les systèmes de traitement de texte sont en majorité fabriqués ou commercialisés par des grands de l’informatique, IBM en tête. Les constructeurs de mini-ordinateurs, sentant d’où vient le vent, se sont engouffrés à sa suite dans ce créneau prometteur.

Parallèlement de nombreux équipements sont devenus polyvalents : terminaux programmables, petits systèmes conversationnels de gestion proposés avec logiciel spécialisé pour le traitement de texte. Aussi les applications sont-elles de plus en plus sophistiquées et évoluent de la simple élaboration du courrier, à la gestion du fichier d’adresses, à des traitements de comptabilité, ou à l’édition de rapports avec pagination automatique, création d’index, etc.

Il était donc naturel que « 01 Informatique » vous présente ce premier bilan. Avec en illustration, une application pilote sophistiquée, celle de l’Union Internationale des Télécommunications.

Marielle Stamm

Prévisions de l’évolution des marchés nationaux de 1977 à 1985

Valeur totale des équipements de traitement de texte livrés, en millions de dollars

1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985
Allemagne 56,9 63,3 76,9 90,9 108,7 121,3 141 155,1 169,7
Royaume Uni 16,5 20,1 29,9 35,5 45,3 53,4 63,8 72,4 29,8
France 11,5 17,2 24,1 34,3 45,6 56,3 68,3 79 88,4
Suisse 5,3 6 7,1 8,5 10,3 11,6 13,2 14,3 15,5
Italie 4,3 5,7 7,9 11,6 16,7 21,9 29,5 37,5 45,5
Suède 4 4,9 6,8 8,9 12,1 14,4 17,3 19,6 21,6
Hollande 3,4 4,4 6,4 9,2 11,9 14,7 17,4 20 22,3

Principaux fournisseurs de matériels de traitement de texte en Suisse

Marque Fournisseur Adresse en Suisse allémanique Adresse en Suisse romande
AES Plus AES Schweiz Thurgauerstr. 72
8050 Zürich
01/513310
25, rue Daubin
1203  Genève
022/443550
Lanier Endrich Organisation Waldmannstr. 4
8024 Zurich
01/349030
Nashua Hamag Büromaschinen Thurgauerstr. 76
8050 Zürich
01/286333
Olivetti Olivetti Steinstr. 21
8036 Zürich
01/359550
3, ch. de Mornex
1003 Lausanne
021/202481
Olympia Olympia Ifaugstr. 91
8153 Rümlang
01/8179141
Ontel Rodata et Cosendai Computer Products Rodata
Usterstr. 120
8600 Dübendorf
01/8201613
Cosendai
11, ch. du Chêne
1052 Le Mont sur Lausanne
021/333531
Philips Waser Limmatquai 12
8023 Zürich
01/474870
13, ch. du Vieux Port
1290 Versoix
022/553925
Redactron Burroughs Haas Organisation Rieterstr. 35
8059 Zürich
01/2029832
Es Pontets
1170 Aubonne
021/765695
Siemens Albis Siemens Albis Albisriederstr. 245
8047 Zürich
01/2473111
42, rue du Bugnon
1020 Renens
021/349631
Super Typer Inter Super Typer Inter Dörflistr. 50
8050 Zürich
01/483131
Triumph Adler Erhard Wipf AG et Nüschellerstr. 30
8001 Zürich
01/2212100
22, rue St. Martin
1003 Lausanne
021/226126
Bobst Bobstgraphic 1001 Lausanne
021/892971
Büro Fürrer Hardturmstr. 76
8004 Zürich
01/444300
Vector Graphic (Memorite) Datamat Dufourstr. 181
8008 Zürich
36, rue St. Jean
1211 Genève
022/442100
Vydec Vydec Suisse Neugasse 247
8005 Zürich
1, Carrefour de Rive
1207 Genève
022/368032
Wang Wang AG Markustr. 20
8042 Zürich
01/605020
2a, Ch. des Anciens Moulins
1009 Pully
021/283455
Wordplex Graphax AG Bernerstr. Süd 167
8048 Zürich
01/644956
Av. Louis Casaï 80
1216 Genève
022/984142
Xerox Rank Xerox Talackerstr. 7
8050 Zürich
01/8104272
Zentec Atek Electronic AG 6354 Viznau
041/831046
CPT Ernst Jost Wallisellenstr. 301
8050 Zürich
01/1418880
Ghielmini
41, av. Vibert
1227 Carouge Ge
022/433330
Data Recall Gestinform SA 5, Clair Matin
1213 Petit Lancy
022/934567
Diehl BDV Computer Guterstr. 82
4002 Bâle
061/228007
Intertest Informer Intertest Aarbergerstr. 46
3011 Berne
031/224481
20, rue de Lausanne
1201 Genève
022/320116
Facit Facit Addo AG Badenerstr. 587
8048 Zürich
01/525876
IBM IBM Suisse Quai Général Guisan 26
8022  Z ürich
01/2072111
7, avenue du Théâtre
1002  Lausanne
021/204511
Jacquard Systems Computer Associates Stampfenbachstr. 52
8035 Zürich
01/604252
HMS
8, via Monnet
1214 Vernier/Genève
022/477633


Que cache l'iceberg bureautique?

29 janvier 1979

Que cache l'iceberg bureautique?

01 Informatique No. 525

Depuis quelques années déjà l’informatique et certaines de ses technologies associées sont apparues dans l’environnement des bureaux. Bien sûr, l’informatique est utilisée depuis une vingtaine d’années et il y a donc longtemps que les entreprises, à des degrés divers, en connaissent les avantages… et les inconvénients! Là n’est pas l’innovation. Le fait nouveau est que l’informatique s’intéresse non seulement aux activités traditionnelles de l’organisation dans son ensemble mais également – depuis peu – aux activités des bureaux eux-mêmes, c’est-à-dire à des cellules de l’organisation plus ou moins autonomes. Qu’est-ce alors que la « bureautique »? Quels sont ses principaux domaines d’application?

Comme souvent lorsqu’un concept est d’origine récente, il est difficile d’en donner une définition simple et précise qui satisfait tout le monde. Les frontières de la bureautique sont encore difficiles à cerner.

Jean-Paul de Blasis

Suite de l’article p. 3

Que cache l’iceberg bureautique? – Suite de la première page

La bureautique est autant concernée par les conséquences humaines et sociales qu’elle entraîne, que par les outils et procédures qu’elle met en jeu.

C’est pourquoi on peut proposer la définition suivante: « On appelle bureautique l’assistance à divers travaux de bureau procurée par des moyens et des procédures faisant appel aux techniques de l’informatique, des télécommunications et de l’organisation administrative. »

A notre avis, il faut considérer la bureautique comme un tout cohérent, c’est-à-dire comme un ensemble de moyens technologiques, de procédures administratives.

Dans cette perspective, la bureautique peut s’appliquer à:

  • la préparation de documents: domaine du traitement des textes et des images;
  • l’assistance à l’échange d’informations entre les personnes: domaine des (télé)communications de bureau;
  • l’aide à la décision : domaine des systèmes interactifs d’aide à la décision;
  • la manipulation de données numérique et textuelles: domaine de l’informatique traditionnelle;
  • la gestion des emplois du temps: domaine de l’agencement des travaux;
  • la diffusion de documents imprimés: domaine de la reproduction;
  • l’archivage et l’accès de « dossiers »: domaine du classement automatisé ou manuel;
  • le suivi des processus de secrétariat: domaine de la modélisation de procédures;
  • l’architecture intérieure des bureaux: domaine des équipements de bureau traditionnels ou automatisés;
  • la sécurité et le contrôle des activités: domaine de l’organisation et de l’audit des bureaux.

Le traitement de texte, sommet de l’iceberg bureautique

Nous sommes personnellement convaincu que le traitement de texte n’est que le sommet de l’iceberg bureautique.

Notons au passage que le domaine suivant qui est en train de prendre de plus en plus d’importance dans les bureaux équipés de matériels est celui de la télécommunication (télématique: courrier électronique, télécopie, téléconférence, transmission d’images et de graphiques, communications téléphoniques, vocales, etc.).

C’est essentiellement l’aspect « gestion des textes » qui a retenu l’attention de nombreux organismes… et constructeurs, puisque le marché en est là pour l’instant. Diverses expressions sont employées pour faire état de l’utilisation de technologies informatiques – souvent avancée – dans la saisie, la mémorisation, la manipulation, l’édition et la diffusion « d’informations textuelles » ou plus simplement « textes » tels que lettres, mémos, contrats, rapports, documentation, etc.

Rappelons que c’est dès 1964 que ce concept est apparu chez IBM, en Allemagne, avec l’expression « Textverarbeitung ». Cette expression a été reprise aux USA sous le vocable « Word Processing », qui est revenu en France avec le « traitement des mots », puis plus récemment avec les expressions « elation écrite », et « traitement de texte ».

Le traitement de texte vise donc à faciliter la production de documents imprimés comprenant aussi bien des textes courts tels que des lettres, mémos, contrats, etc. que des documents plus volumineux comme des rapports, articles, notices et manuels techniques, nomenclatures, brochures, documentation, livres, etc.

Le traitement de texte utilise des technologies familières aux informaticiens (imprimantes, écrans, supports de mémorisation, etc.), avec cependant des contraintes de qualité et de présentation auxquelles ils sont encore peu habitués.

Pour notre part, nous estimons qu’il est souhaitable qu’on dispose de la rigueur des méthodes utilisées dans le domaine informatique pour les études et la mise en place de procédures liées au traitement de texte, et plus généralement à la bureautique.

Jean-Paul de Blasis

Pourquoi un « spécial » traitement de texte?, janvier 1979