20 octobre 1975
Télécom 75 à Genève - Fiançailles confirmées
01 Informatique No. 355
Plus de 100’000 visiteurs se sont pressés, du 2 au 8 octobre, dernier, dans l’enceinte de Télécom 75, deuxième exposition mondiale des télécommunications. Sur les stands, les dernières nouveautés dans le domaine des transmissions, prototypes de satellites aux ailes déployées et antennes de tout calibre attiraient le monde.
Mais, derrière cet aspect spectaculaire, un fait était surtout remarquable. La pénétration de l’informatique dans le secteur des télécommunications.
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Mais, derrière le spectacle grand public, s’est déroulé l’essentiel, la réunion dans le cadre de l’exposition de tout le gotha international des télécommunications, plus d’une trentaine de ministres ou secrétaires d’État aux PTT venus du monde entier, confrontés aux spécialistes des transmissions de données ou des radiocommunications.
Car, parallèlement à l’exposition, le forum mondial des télécommunications a rassemblé plus de 1’000 participants. Le forum était divisé en deux parties distinctes, la première traitant des problèmes économiques et financiers, la deuxième se consacrant aux questions techniques. Conférenciers et participants ont constitué les visiteurs de choix de l’exposition. Et, si parfois l’on s’étonnait de voir les stands déserts et les allées peu fréquentées, les exposants ont été unanimes à déclarer que la qualité de leurs interlocuteurs remplaçait largement la quantité.
Le principe de l’exposition différait sensiblement des autres salons techniques. 360 exposants se sont partagé une surface présentation de 37’000m2. Mais souvent l’exposant était un gouvernement national par l’intermédiaire de ses PTT. Certains ne possédant pas d’industrie des télécommunications, ils étaient là en tant qu’utilisateurs présentant leurs plans de développement. Et c’est en ce sens que le terme « salon en circuit fermé » prend toute sa signification. Car les échanges entre stands, au-delà de la surveillance mutuelle classique de constructeurs concurrents, se sont largement effectués entre les fabricants et ces futurs utilisateurs.
Informatique et télécommunications
La pénétration de l’informatique dans le secteur des télécommunications était concrétisée par la présence de stands de plusieurs constructeurs d’ordinateurs. Si certains, comme Philips, ont présenté aussi et surtout des équipements de commutation et de transmission téléphonique et des équipements de radiocommunications, d’autres tels Olivetti Télémécanique, Wang et même Elbit dans le pavillon d’Israël, ont exposé principalement leurs ordinateurs orientés télécommunications ou leur gamme de terminaux.
Dans son exposé intitulé « les réflexions sur les besoins de télécommunications », prononcé dans le cadre du forum technique, Dieter von Sanden, membre du directoire de Siemens AG, a « ouvert une parenthèse » (sic) significative: « Informatique et télécommunications, en dépit de leurs imbrications, restent deux secteurs parfaitement indépendants », a-t-il déclaré.
Pourtant la visite de Télécom a souvent infirmé la réflexion de Dieter von Sanden. Sur le stand même de Siemens était exposé le cœur du réseau EDS, le système de commutation électronique de données, dont le premier centre est installé depuis cette année à Mannheim, basé sur la commutation des circuits et destiné à la fois aux réseaux publics de télégraphie et de téléinformatique. Ce même réseau était illustré de manière très didactique, dans un festival de lampes colorées, sur le stand voisin de la Bundespost allemande.
Dans le pavillon français, le clou du stand du secrétariat d’État aux P et T fut le terminal TIC TAC destiné à la téléinformatique grand public, commandes ménagères, renseignements divers, réservations de places, etc.
Ce ne sont que des exemples, mais ils illustrent de manière intéressante l’imbrication des deux techniques et la difficulté d’en tracer les frontières.
D’un côté, les constructeurs pénètrent de plus en plus avant dans la fabrication et la fourniture des réseaux de transmission de données, de l’autre, les PTT sont eux-mêmes tentés de se substituer aux constructeurs pour fournir des terminaux de téléinformatique.
La conclusion de Dieter von Sanden « une séparation nette des deux fonctions (informatique et télécommunications) augmente le nombre des combinaisons possibles et renforce la concurrence au bénéfice du client », sera-t-elle prise en considération sérieusement ou restera-t-elle un vœu pieux?
La prochaine exposition des Télécom, en 1979, date à laquelle une grande partie des projets de réseaux de transmission de données devrait déjà être opérationnelle, apportera sans doute des réponses à cette question.
Marielle Stamm