22 novembre 1976
A propos de la nouvelle licence en informatique à l'Université de Genève
01 Informatique No. 411
Le Professeur Bernard Levrat, directeur du Centre Universitaire d’informatique et professeur à l’Université de Genève, répond aux questions de 01.
01: Une nouvelle licence vient d’être créée à la Faculté des Sciences de l’Université de Genève. N’existait-il pas déjà un enseignement de l’informatique dans le cadre de cette faculté?
Bernard Levrat: Genève a été l’une des premières universités de Suisse à mettre sur pied un enseignement de l’informatique. La nouvelle licence ès sciences informatiques découle naturellement du diplôme d’informaticien créé en 1972 au sein de la Faculté des Sciences et relevant directement du Centre Universitaire d’informatique.
Ce diplôme est destiné à former des scientifiques dominant les aspects techniques de l’informatique, soit les langages et les systèmes. Étalé sur quatre ans, cet enseignement comprenait deux ans de mathématiques et de physique avant d’aborder l’informatique durant les deux dernières années. Aujourd’hui, la réforme du plan d’études prévoit une introduction à l’informatique dès la première année et la possibilité de s’arrêter en 3e année en passant les examens de licence que complète un mémoire.
01: Comment ont réagi les étudiants à ces possibilités nouvelles?
B.L.: L’intérêt a été immédiat. Deux volées, une en première année l’autre en deuxième année, pour ceux qui avaient déjà effectué un an de mathématiques, viennent de s’inscrire.
Rien n’empêche d’ailleurs les futurs licenciés, après un stage dans l’industrie, de compléter ultérieurement leur formation par une dernière année pour obtenir le diplôme d’informaticien.
Ou même de pousser jusqu’au doctorat ès sciences, mention informatique, qui, je vous le rappelle, existe depuis 1969.
Nous avons en outre, depuis 1966, deux certificats de calcul numérique destinés à tous ceux qui veulent compléter leur formation par des connaissances en informatique. L’option A est destinée aux diplômés en mathématiques ou en physique. L’option B est ouverte aux étudiants de toutes les facultés désireux d’apprendre la programmation.
01: N’avez-vous pas également contribué à développer un enseignement en informatique de gestion?
B.L.: La Faculté des Sciences Économiques et Sociales (SES) a créé avec notre collaboration, en 1973, une licence ès sciences commerciales et industrielles, mention informatique de gestion. Elle est destinée à former des informaticiens connaissant la gestion des entreprises. Si le programme de la première année de licence est similaire à celui de la licence classique, baptisée « gestion d’entreprise », les deux dernières années comprennent 1/3 de cours d’informatique en remplacement de cours de droit et de finance. Un projet de « système informatique » complète les 3 ans d’études et tient lieu de mémoire de licence.
Les premiers candidats viennent d’obtenir leur licence. Peu nombreux, 5 ou 6, ils n’ont pas eu grand mai à trouver un premier emploi! Les volées suivantes sont plus importantes et une trentaine de projets informatiques destinés à sanctionner la fin des études sont en préparation.
01: Voici donc Genève pourvue de 2 filières ouvrant la voie, l’une à l’informatique scientifique, l’autre à l’informatique de gestion. Cependant, dans les deux disciplines, le nombre des étudiants est encore modeste.
B.L.: Nous recherchons la qualité et non la quantité. Le rôle de l’Université est de former les cadres futurs de l’économie qui soient à la fois d’un bon niveau général et compétents dans leur domaine.
01: Existe-t-il une coordination de l’enseignement informatique sur le plan fédéral?
B.L.: Au niveau universitaire, aucune. Toutefois, nous avons d’excellents contacts personnels avec les autres universités, comme Lausanne et Zurich, ainsi qu’avec nos collègues français. C’est avec la collaboration de ces derniers que nous organisons cette année les cours du 3e cycle romand d’informatique.
Par ailleurs, nous suivons les directives du Curriculum 1968 de l’ACM, pour l’ensemble de nos cours d’informatique et je suis moi-même membre du Comité technique pour l’Éducation de l’IFIP.
Propos recueillis par Marielle Stamm