Le Scrib de Bobst Graphic

En 1976, dans un avion Swissair en route pour Boston, Jean-Daniel Nicoud fit la rencontre de Michel Bongard, directeur technique chez Bobst Graphic, une entreprise située près de Lausanne. M. Bongard allait à San Francisco pour négocier l’achat de stations de traitement de texte et Jean-Daniel Nicoud retournait chez Digital Equipment pour livrer un SMAKY 4. Ils ont alors décidé de travailler ensemble et développer un système de traitement de texte portable pour journalistes. Un ensemble de cartes Mubus a été développé pour cette application (processeur, mémoire, écran, clavier). L’écran affichait des caractères gras, soulignés, en double largeur. Un lecteur de microcassette (stockant 8000 caractères) et une imprimante miniature sur papier électrosensible ont été développés. Le Scrib était très compact pour l’époque avec son écran 7 pouces sous un clavier ergonomique (touches de 25 mm de haut). Un miroir concave réfléchissait l’image de l’écran en l’élargissant un peu. A l’expo Drupa77 en Allemagne le Scrib a impressionné les visiteurs. A l’exposition Wescon de 1978 à San Francisco, le Scrib obtint le « Design Award ».

Prototype du Scrib montrant ses éléments principaux: écran sous le clavier, miroir, cartes processeur et mémoire.

L’imprimante du Scrib: la collaboration entre des spécialistes de la mécanique, de l’électronique et de la programmation a permis un système simple, de faible consommation de puissance et performant (impression dans les deux sens).

Bobst Graphic développa un coupleur acoustique permettant de transmettre via un combiné téléphonique à 300 bits/s, fabriqua une valise en cuir élégante pour transporter le Scrib et proposa un éditeur de texte et un système de transfert de fichiers facile à utiliser. Mille unités ont été construites, mais les journalistes et salles de rédaction ont été lents à changer une méthode de travail plus efficace. Bobst Graphic disparut, et une petite société française racheta les stocks et vendit tous ces Scrib à des utilisateurs qui les ont parfois utilisés plus de dix ans.

Pour simplifier a la fois la mécanique et l’électronique du lecteur de cassettes, la partie lecteur était séparée de la partie écriture et de la partie rembobinage. Deux moteurs étaient utilisés, sans asservissement de vitesse. Le codage se faisait par durée d’impulsions. L’affichage des durées sur l’écran d’un SMAKY montrait que les durées d’impulsions étaient suffisamment bien séparées malgré les variations de vitesse du moteur.