24 janvier 1977
Ainsi fonds, fonds, fonds... - Les banques suisses raccordées à Swift
01 Informatique No. 420
Si les dernières prévisions sont tenues (du 1er septembre 76, le jour J a été repoussé au 1er septembre, puis au 14 mars), 37 banques suisses se raccorderont à Swift au printemps prochain. Ce jour-là, abandonnant la vole postale trop lente ou le télex limité, elles effectueront leurs transferts internationaux de fonds par l’intermédiaire du réseau d’ordinateurs mis en place par Swift. Mais, derrière les réalités techniques, la politique déploie un arsenal embrouillé, car l’enjeu dépasse de loin l’application elle-même.
Swift n’est en effet que la pointe de l’iceberg et c’est bien souvent l’ensemble des applications de la banque que convoitent les constructeurs impliqués dans le projet.
Les protagonistes
Mais qui sont-ils? Il y a d’abord Burroughs, fournisseur de l’ensemble du réseau, soit les ordinateurs centraux (deux B 3700 doublés situés respectivement à Bruxelles et Amsterdam), les concentrateurs nationaux *, installés dans chaque pays, et le logiciel associé.
Swift a d’autre part sélectionné et agréé 3 fournisseurs de SID (Swift Interface Device), qui sont de petits ordinateurs servant d’interface entre les banques et le réseau. Ce sont Burroughs à nouveau, General Automation et Singer, devenu dans l’intervalle ICL.
Toutefois, à côté des 3 fournisseurs officiels, les autres constructeurs sont loin d’avoir baissé les bras. En particulier IBM, qui se fait fort de court-circuiter les SID en raccordant directement au réseau Swift les installations centrales des banques équipées de son matériel.
Les intéressés aujourd’hui…
Que représente le marché de Swift dans notre pays? Les banques suisses membres du projet ont fondé une société simple en 1974, Swift Suisse, qui regroupe aujourd’hui 43 établissements ayant un important trafic avec l’étranger.
En font partie bien sûr, les 5 grandes banques et aussi des banques cantonales et régionales et caisses d’épargne, d’autres banques à caractère commercial ainsi que des caisses de crédit mutuel. Quelques filiales de banques étrangères en Suisse sont également reliées à Swift par l’intermédiaire de leur société-mère.
Par rapport à la totalité des banques membres, plus de 480, Swift Suisse en représente donc le dixième, mais les estimations concernant le volume des échanges prévoient un pourcentage un peu plus faible en volume, soit 6,6% à l’émission et 8,2% à la réception.
La majeure partie de ces banques sera reliée à Swift dès le printemps, dans la Phase I, les autres membres seront connectés ultérieurement dans la Phase Il.
Pour les premières, le choix de leur fournisseur s’est effectué au cours des années 75 et 76. Le marché se répartit aujourd’hui de la manière suivante: 27 banques ont opté pour Burroughs, 7 pour General Automation, 3 pour ICL, enfin 2 seront directement connectées par IBM.
Nous reviendrons en détail, dans notre prochaine rubrique, sur ces choix et les raisons de la suprématie de Burroughs. La première explication étant la décision, en dernier ressort, du pool des banques formé en 1975 et regroupant la majorité des banques cantonales et plusieurs régionales (en tout une vingtaine).
… et demain
Mais les rivalités sont loin d’être à leur terme. Car si tous les établissements financiers suisses importants font déjà partie de Swift, il reste une quantité de membres potentiels parmi les plus petites banques. Leur nombre, évalué à une vingtaine par certains constructeurs, pourrait bien être sensiblement plus élevé. C’est ce que nous explique le Professeur Max Engeli, membre du Comité Swift à Bruxelles et coordinateur des banques suisses sur le projet Swift: « La concurrence entraînera nécessairement l’adhésion de petites banques même si leur trafic avec l’étranger est modeste. Ces banques représentent toutefois un marché très différent. Car elles souhaiteront également développer l’ensemble de leurs applications ». On comprend dès lors l’importance du SID véritable cheval de Troie à l’intérieur de la banque.
(A suivre)
* En Suisse, le concentrateur est installé à l’UBS à Zurich.
Marielle Stamm