La saga du Vidéotex
En guide de conclusion
Une histoire de verre
Faut-il alors parler d’échec ou de succès lorsqu’on évoque Vidéotex? Tout dépend du regard que l’on pose sur le verre. A moitié vide, ou à moitié plein.
Dans le premier cas, on peut critiquer les atermoiements des PTT suisses, leur manque de vision, leur acharnement à s’accrocher à des critères de qualité sans tenir compte des réalités économiques et de la concurrence, leurs craintes de voir s’envoler les prérogatives attachées à leur monopole. Lorsqu’ils auront vidé leur verre, les esprits chagrins déploreront que l’on ait investi autant d’argent pour arrêter un service qui promettait de devenir rentable.
Dans le second, on sait bien que les idées de génie précèdent souvent la technique. Le Vidéotex n’échappe pas à la règle. Il s’est développé en même temps que les performances informatiques et, bien souvent, il en a essuyé les plâtres. Il a fallu attendre l’arrivée en masse des micros dans les foyers domestiques pour qu’un grand marché d’utilisateurs se constitue. Il a fallu que les vitesses de transmission s’accélèrent pour que le service devienne vraiment convivial. L’évolution des mentalités est lente. Il a fallu changer les habitudes des utilisateurs et leur faire prendre conscience des gains de temps apportés par les nouveaux services proposés sur leur écran. Il a fallu convaincre les politiciens et combattre le conservatisme de certains.
Malgré tous ces handicaps, le service a réussi à séduire 180’000 abonnés. Et parmi tous les services vidéotex du monde, le système suisse vient juste derrière le Minitel (qui vivote encore dans l’hexagone, grâce à son annuaire électronique), en matière de pénétration du marché.
L’arrivée en force d’Internet sur la totalité de la planète n’a laissé aucune chance aux Vidéotex désormais périmés. L’interconnexion globale des réseaux au niveau mondial a eu raison de tous les efforts bilatéraux qui s’étaient amorcés entre les différents pays et leurs différents systèmes.
Mais le grand succès des systèmes vidéotex, et du Vidéotex suisse en particulier, a été justement de préparer la métamorphose. Les compétences vidéotex des spécialistes de Télécom PTT ont forgé le succès du Bluewin de Swisscom. L’expérience des fournisseurs de banques de données a favorisé la migration de leurs services sur Internet. De leur côté les utilisateurs ont aiguisé leurs besoins grâce à Vidéotex. Les surfeurs d’aujourd’hui les expriment aujourd’hui, au-delà de toute espérance, sur le réseau devenu planétaire.
Marielle Stamm
Mai 2009