12 avril 1977
Real Time Banking de la SBS - Un système mixte à trois niveaux
01 Informatique No. 432
Le système Real Time Banking est à ce jour, la plus grande réalisation bancaire de Suisse. En présentant le système, dont la première étape est opérationnelle depuis quelques semaines, la direction de la banque a souligné les buts poursuivis, rentabilité d’une part et intérêts des clients et de collaborateurs de la banque d’autre part (voir 01 hebdo, rubrique suisse, du n° 431). « L’ordinateur » a déclaré Max Kühne, directeur central de la SBS, « n’a qu’un caractère instrumental. Il n’est pas un but en lui-même ».
Toutefois, les solutions techniques choisies par la SBS méritent quelques éclaircissements.
Et tout d’abord, pourquoi les concepteurs du système ont-ils fait appel à deux constructeurs différents? « Au moment du choix des terminaux, en été 1973, Burroughs a été sélectionné car il proposait à l’époque, les terminaux bancaires et modulaires les plus évolués » nous dit E. Gautschi, directeur à la SBS et responsable de tout le projet. Il a donc fallu greffer tout un système de télétraitement de ce constructeur sur les unités centrales d’IBM, fournisseur de la SBS depuis 1961.
Dans ce but, le système a été conçu à 3 niveaux. Au cœur, le multiprocesseur IBM 360/168 relié à un double système d’ordinateurs Burroughs 3700 qui servent de « front-end » et constituent le niveau intermédiaire. Cette configuration est reproduite de manière identique dans les 3 centres régionaux de Bâle, Genève et Zurich. Le troisième et dernier niveau du système est situé dans chaque filiale de la banque où un concentrateur Burroughs DS 140 contrôle entre 4 et 8 postes de travail, terminaux à écran avec imprimante matrice TC 4000 pour les interrogations, terminaux à écran avec imprimante de caisse AP 100 pour les installations de guichet.
Dans chaque centre régional, un pupitre est utilisé pour la surveillance du réseau, dont la longueur sera de 5’000 km lorsque toutes les filiales seront reliées. Il forme un triangle dont les 3 sommets sont les 3 centres régionaux. De chaque centre des lignes, entre 25 et 30, partent en étoile vers les filiales.
Les réalisateurs du projet ont du résoudre, on s’en doute, de nombreux problèmes de logiciel. L’un d’eux a été d’adapter le système de gestion de banque de données choisi, IMS, aux besoins de RTB. IMS étant conçu pour l’accès en ligne aux informations, ce logiciel n’est pas efficace pour le traitement séquentiel. La SBS a développé un logiciel complémentaire qui permet de travailler avec 25% seulement du temps de calcul nécessaire à IMS. Appelé HSSR (High Speed Sequential Routine), ce logiciel sera vraisemblablement commercialisé par la SBS, en collaboration avec IBM.
Une autre difficulté a été d’établir la liaison entre les ordinateurs centraux (IBM 370/168) et les systèmes Burroughs 3 700. Le logiciel IRSS (Intelligent Remote Station Support) destiné initialement à relier les systèmes 3 et 7 à IMS a été utilisé en simulant le système 3 sur les front-end Burroughs. Ces derniers se servent de la procédure IRSS pour transmettre à IMS les messages en provenance des terminaux et leur renvoyer les réponses.
L’application principale de ces front-end est donc le programme de « message-switching » qui est chargé du trafic des messages entre les concentrateurs des filiales et le système « hôte » central. Toutefois une autre tâche importante leur est également dévolue, celle d’établir l’interface avec le réseau Swift. La banque évite ainsi l’achat d’un équipement supplémentaire, le SID (Swift interface device).
Ainsi que l’a souligné en conclusion E. Gautschi, le développement d’un système de « mixed hardware » à trois paliers a présenté un grand nombre de difficultés, mais qui sont aujourd’hui largement compensées par les avantages.
« D’une part, le système sera suffisamment souple pour pouvoir évoluer avec la technologie. Rien n’empêchera de changer les unités centrales, tout en conservant les terminaux. D’autre part, l’existence d’un palier intermédiaire permet de se connecter bientôt à d’autres réseaux comme Swift, ou ultérieurement à un système de clearing interbanque ou à Telekurs ».
Marielle Stamm
Real Time Banking de la SBS – la plus grande réalisation bancaire de Suisse, avril 1977